Cameroun : L’opposition condamne la prorogation du mandat des députés et accuse le parti au pouvoir de manipuler les institutions
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Le projet de loi déposé le 6 juillet 2024 par le Président de la République au bureau de l’Assemblée nationale, relatif à la réforme du bail des élus du peuple de la Chambre basse, a obtenu l’approbation de la majorité. Les adversaires de Paul Biya contestent les enjeux autour de cette ambition politique.
Sans coup férir, le texte du Chef de l’État a été validé en raison de l’écrasante majorité du parti au pouvoir à l’Assemblée nationale. Le mandat des députés est d’ores et déjà prorogé du 10 mars 2025 au 30 mars 2026, soit une année de plus sur l’exercice de leurs fonctions. Dans son rapport adressé à l’exécutif de l’Assemblée nationale, Paul Biya apporte les détails sur les motifs de la réforme. « La justification de ce décalage repose sur la nécessité d’alléger le calendrier électoral qui prévoit quatre (04) élections au cours de l’année 2025 à savoir : l’élection des Députés de l’Assemblée nationale et des Conseillers Municipaux, ainsi que l’élection du Président de la République et des Conseillers Régionaux (…). Il est par conséquent judicieux d’étaler les scrutins électoraux sus-évoqués sur les années 2025 et 2026, de manière à en garantir une meilleure organisation ». Mais la classe politique adverse au pouvoir en place voit d’un mauvaise œil la nouvelle mandature des parlementaires.
Contestation à l’unanimité au sein de l’opposition
Dans les rangs du contrepouvoir, les uns et les autres fustigent avec véhémence la prorogation du mandat des élus de la Chambre basse. Jean Michel Nitcheu, député et leader de parti politique, dénonce ‘’une incapacité manifeste du régime à respecter la loi ‘’. Aussi n’hésite-t-il pas à penser que ‘’Le régime est terrifié à l’idée de se confronter à Maurice Kamto’’, principal opposant de Paul Biya sorti deuxième à l’élection présidentielle d’octobre 2018. Pour Arlette Framboise Doumbe Ding, une leadeuse d’opinion, ‘’ La prorogation du mandat des députés est une fuite en avant devant la réalité : le doute de plus en plus grandissant quant à la capacité du régime Rdpc à faire face de façon victorieuse à ses principaux opposants dans les élections justes, équitables et transparentes ». Elle regrette dans le même temps ‘’une manœuvre politicienne dictée par la peur de la défaite et de la véritable concurrence politique’’.
Au Cameroun les députés essuient habituellement les critiques au sein de l’opinion au regard de leur indifférence face au mal-être des populations.
Par William Omer Tchuisseu