Moyen-Orient: Un Pavillon Iran au Festival d’Avignon ?
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Le pavillon Azade “Iran en révolution. Femme, vie, liberté” est un projet de la Manufacture d’Avignon pour inviter artistes, intellectuels et organisations culturelles autant iraniens que français à entrer en dialogue sur ce qu’est la condition d’artiste en Iran aujourd’hui. En plein festival d’Avignon, plaçant cette rencontre interculturelle entre la France et l’Iran au cœur de cette démarche, les organisateurs travaillent à la représentation de I’m deranged, avec seule en scène Mina Kavani, actrice du dernier film de Jafar Panahi, pour répondre à ce besoin de dialogue entre artistes et entre nos peuples. Ils recherchent actuellement des partenaires pour pouvoir concrétiser la mise en œuvre logistique de ce pont interculturel.
A bien des égards, les créateurs iraniens nous interpellent sur le fondement et le sens de notre devise républicaine “liberté, égalité, fraternité”. Liberté pour les créateurs. Égalité pour les femmes. Fraternité pour exprimer l’universalisme de leurs causes. Les mots d’ordre des manifestants iraniens sont porteurs des valeurs de notre philosophie des Lumières.
En 2019, le regretté Jean-Claude Carrière avait exprimé le sentiment qu’il ressentait au contact de ce peuple, de ces exilés et des artistes qui en portent la voix : “Il y a quelque chose là que je sens de l’Iran, qui me touche et qui m’attache à ce pays. Surtout, quand on aime la culture d’un peuple, c’est qu’on aime ce peuple. On ne connaît pas de guerre entre artistes, entre cinéastes, peintres, écrivains. La culture est au fond la seule chose qui peut nous réunir facilement. Dès qu’on est sensible à une expression graphique, sculpturale, littéraire, cinématographique, théâtrale ou musicale, on n’a rien à dire parce qu’on ne peut pas lutter contre sa propre émotion. On est alors libre d’aller vers l’autre, vers celui qui est différent de soi.” (édito de Jean-Claude Carrière, parrain de la première édition du Festival Nouvelles Images Persanes de Vitré, décembre 2019).
Il aurait observé ce qui se passe en ce moment en Iran avec espoir et émotion. Nous nous surprenons à croire que la « Révolution » en cours en Iran entérine une évolution irréversible. Bientôt, rien ne sera plus jamais comme avant. Mais le peuple iranien ne pourra pas le faire sans des créateurs libres et capables d’exprimer les bouleversements de cette société paradoxale dans le monde. Nous en sommes convaincus : ce qui se passe en Iran est capital pour les transformations du monde. Suite à la publication de notre point de vue sur Ouest France du 15 novembre, puis de notre tribune parue dans Le Monde du 18 novembre 2022, ce pavillon traduit en acte ce que le monde de la culture en France voulait exprimer en soutien avec les créateurs et, à travers eux, la jeunesse et plus globalement les peuples d’Iran, en rédigeant ces tribunes.
A travers ces positions, nous voulions aussi entendre des artistes en exil dont la voix décalée a beaucoup contribué à une plus grande conscience des enjeux des soubresauts mondiaux de l’histoire contemporaine de l’Iran. Parmi ces nombreuses voix prépondérantes, celle de Marjane Satrapi, marraine de la manifestation, pourra être entendue dans le cadre d’un spectacle-conférence inaugurale au début de cette semaine de rencontres, débats, spectacles…
Voici quelques nouvelles que nous pouvons utiliser. Maintenant, architectes, designers, logisticiens, jardiniers en intelligence humaine, commencez à expérimenter.
Une recherche de partenaires pour développer la mise en œuvre de ce pont interculturel est actuellement lancé.
Par Kevin Lognoné