Afrique du Sud : Jacob Zuma définitivement exclu de l’ANC

C’est une page majeure qui se tourne dans l’histoire politique sud-africaine. Jacob Zuma, ancien président de la République et figure emblématique de l’ANC (African National Congress), a été définitivement exclu du parti. Cette décision, annoncée le vendredi 22 novembre, marque la fin d’un long chapitre tumultueux entre l’ANC et celui qui en fut un pilier pendant plus de six décennies.

Une exclusion confirmée après appel rejeté

Jacob Zuma, âgé de 82 ans, avait contesté son éviction après avoir créé une nouvelle formation politique baptisée uMkhonto we Sizwe (MK), en hommage à la branche armée de l’ANC qu’il avait intégrée en 1962. Ce parti, fondé il y a tout juste un an, avait surpris en obtenant 14 % des voix lors des dernières élections générales. Cependant, cette initiative a été perçue comme une trahison par l’ANC, déjà fragilisée par des divisions internes et des pertes électorales.

L’appel de Zuma contre son exclusion n’a pas convaincu. Selon le communiqué de l’ANC, cette décision était inévitable. « Jacob Zuma a enfreint les principes fondamentaux du parti en créant une structure politique concurrente, compromettant ainsi notre unité et nos objectifs historiques », a déclaré un porte-parole.

Un passé glorieux entaché par des controverses

Jacob Zuma est entré au sein de l’ANC en 1959, participant activement à la lutte contre l’apartheid. Arrêté en 1963 pour ses activités militantes, il a purgé une peine de 10 ans à Robben Island aux côtés d’autres figures légendaires comme Nelson Mandela. Après la chute de l’apartheid, Zuma a gravi les échelons politiques jusqu’à devenir président de l’Afrique du Sud, un poste qu’il a occupé de 2009 à 2018.

Cependant, son mandat a été marqué par de multiples scandales de corruption, notamment l’affaire Gupta, qui a terni son héritage et conduit à sa démission forcée en 2018. Plus récemment, il n’a pas pu se présenter comme député en raison d’une précédente condamnation judiciaire.

Un avenir incertain pour Zuma et l’ANC

Avec l’essor du MK, Jacob Zuma reste une figure influente, particulièrement auprès des populations rurales et des partisans désenchantés de l’ANC. Toutefois, cette nouvelle dynamique pourrait fragmenter davantage le paysage politique sud-africain, déjà marqué par la montée en puissance de l’opposition et la baisse de popularité de l’ANC.

Pour l’ANC, l’exclusion de Zuma pourrait être un signal fort de renouvellement, mais elle soulève aussi des questions sur l’unité du parti face à ses défis actuels. Quant à Jacob Zuma, il semble déterminé à poursuivre sa carrière politique, faisant de sa nouvelle formation un instrument de revanche contre ceux qui l’ont évincé.

L’histoire politique sud-africaine entre dans une nouvelle ère, marquée par des rivalités anciennes et de nouvelles alliances. Le leadership de l’ANC sera-t-il à la hauteur de ce tournant ? Les prochains mois s’annoncent décisifs.

Par Rodrigue Izumo 

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