Monde : Archipel de Socotra: Une South Galaxy est-elle possible avec le Yémen et les îles de l’océan indien ?
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La Journée des Nations unies pour la coopération Sud-Sud est célébrée le 12 septembre. Bénéficiant d’un bassin multiculturel et d’un maillon fort autour de la maritimité, la contribution des îles aux pays du Sud pour développer rapidement des solutions d’agilité et de développement mérité d’être soulignée. Car elles sont certainement les remparts et vigies capables de tisser un fil d’or dans la coopération Sud-Sud. Lancée en 2019, « South-South Galaxy » est une plateforme mondiale de partage
des connaissances et de partenariats, visant à apporter un soutien systématique et efficace aux pays du Sud.
Les îles de Kinmen, dont le nom signifie littéralement « la porte d’or », aidant Sao Tome et Principe à améliorer la résilience et les ressources insulaires de ses fermiers ; l’aide de Cuba pour lutter contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest ; l’expérience mexicaine dans la diversification du maïs pour améliorer
la santé et la nutrition au Kenya ; les stratégies de la Colombie pour réduire la faim dans les pays mésoaméricains … autant d’exemples de la coopération Sud-Sud.
La plateforme « South-South Galaxy » propose désormais des séminaires en ligne adaptés aux nouvelles situations liées à la pandémie de COVID-19 ou consacrés à la riposte du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud.
A l’échelle de l’Océan indien, il existe des chemins de mémoire historiques et diasporiques Sud-Sud . Prenons l’exemple entre Madagascar et le Yémen. Mais ce symbole d’union reste fragile. « diaspora » vient du grec « dispersion », ce qui implique éparpillement, délitement, épuisement…
Il manque peut-être une volonté politique forte, un suivi et une attention fédératrice qui pourrait
rapprocher les îles de l’océan indien avec les rives sud du Yémen. Cette idée de se fédérer autour d’un berceau Sud-Sud existe et est déjà relativement active au niveau indianocéanique, mais elle gagnerait à s’étendre sur une route qui a fait l’âge d’or tant du premier or noir du Yémen que de l’île Bourbon : le café.
C’est à l’instigation de plusieurs commerçants implantés sur la côte occidentale du Yémen, qu’un vice consulat fut institué à Hodeïda en juillet 1880. La place était importante, car de là partait tout le café dit de Moka importé qui fut aussi développé sur l’île Bourbon. Le premier titulaire du poste fut
Alexandre Luciana, ancien drogman du vice-consulat de Djeddah. Lorsqu’il fut appelé au vice-consulat de France à Rhodes en 1885, il mit ses archives dans une caisse qu’il confia à son collègue d’Italie et laissa à son passage à Port-Saïd la clef de ce coffre et le cachet de son poste au consulat de France ; la protection des sujets et intérêts français fut, quant à elle, confiée à l’agent hellène.
Au-delà de tous ces aspects, il se dégage des archives de Hodeïda un curieux parfum de nostalgie. Peut- être parce qu’on éprouve, à les parcourir, le sentiment d’une occasion ratée, l’impression que la France aurait eu une carte à jouer au Yémen, sans qu’on sache vraiment si elle a préféré placer ses pions ailleurs, à Djibouti, ou si elle a manqué sa chance. Car le déclenchement de la Première guerre mondiale mit fin à l’existence du vice-consulat du port de la Mer Rouge qui n’a jamais rouvert ses
portes après 1915.
La Réunion peut-elle réécrire une autre histoire, un autre chemin avec le Yémen secoué par des crises
multiples ? L’histoire multiculturelle, riche et complexe de ces deux Sud austral et oriental offre des
opportunités pour se saisir du principe archimèdesque : saisis-toi d’un levier et tu soulèveras le monde.
La Réunion et la Yémen peuvent bâtir de nouveaux objectifs de la coopération Sud-Sud comme, par
exemple:
– Encourager l’autosuffisance des pays en développement en renforçant leurs capacités à trouver des solutions créatives pour faire face à leurs problèmes de développement ;
– Promouvoir et renforcer l’autosuffisance collective entre les pays en développement grâce à l’échange d’expériences, la mise en commun, le partage et l’utilisation de leurs ressources techniques et d’autres ressources, et le développement de leurs capacités complémentaires;
– Reconnaître et répondre aux problèmes et aux exigences des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement et des pays les plus gravement touchés, par exemple, par les catastrophes naturelles et autres crises.
Par Kevin LOGNONÉ