Togo: La HAAC  suspend  le journal « La Dépêche » pour trois mois.

La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) vient de prononcer la suspension pour trois mois de l’hebdomadaire « La Dépêche ».

Selon les explications données par la HAAC dans un communiqué rendu public, lundi 4 mars 2024, le journal est sanctionné pour « manquements professionnels graves suite à un article publié dans ses colonnes, le 28 février 2024 ».

« La Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), considérant que dans sa parution numéro 1185 du 28 février 2024, l’hebdomadaire La Dépêche a publié à la UNE ainsi qu’aux pages 2, 3 et 4 un article intitulé “L’assassinat crapuleux du Colonel Madrouba et si le Général Félix Katangha Abalo était le capitaine Dreyfus du Togo ? “. Considérant qu’à la suite de cette publication, le service de monitoring de la HAAC a, le 28 février 2024, dressé un rapport relevant que cet article viole gravement les règles de déontologie et d’éthique de la profession de journaliste, les dispositions du Code de la presse et de la communication ainsi que celles de la loi organique relative à la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication. Considérant que la HAAC a, suivant une correspondance datée du 29 février 2024, invité le directeur de publication de l’hebdomadaire La Dépêche, monsieur Apollinaire MEWENEMESSE, à une séance d’audition le vendredi 1er mars 2024 en vue d’échanger sur le contenu de cet article. Considérant qu’au cours de l’audition, l’intéressé, en guise de preuve des affirmations contenues dans l’article publié dans son journal le 28 février 2024, a présenté un tract, un document non signé ni daté qui, selon lui, serait une lettre à titre posthume dont feu Abdou Assouma, ancien président de la Cour constitutionnelle de son vivant, serait l’auteur », relate le communiqué de la HAAC.

« À part cette affirmation péremptoire, le directeur de publication de l’hebdomadaire, La Dépêche n’a fourni à la HAAC aucun indice, à même de convaincre de l’authenticité et de la prétendue lettre à titre posthume de feu Abdou Assouma. Considérant que ce faisant, le contenu de ce tract, cette supposée lettre à titre posthume apparaît à tous égards comme mensonger et sort de l’hebdomadaire La Dépêche en sa forme, en s’appropriant son contenu pour le publier dans ses colonnes sans prendre la précaution d’en vérifier l’exactitude et étant incapable de justifier son authenticité même au cours de son audition par la HAAC, contrevient aux règles qui régissent la profession de journalisme et salit la mémoire du défunt », poursuit la note.

La HAAC dit avoir relevé également au cours de l’audition du Directeur de publication du journal « La Dépêche », d’autres manquements professionnels graves tels que « l’incitation à la haine tribale », « l’appel à l’affrontement ethnique entre officiers dans l’armée », « l’incitation à la révolte populaire » ainsi que des insinuations sans fondement.

Il s’agit là, dit la HAAC, d’une « violation manifeste des règles professionnelles de déontologie et d’éthique notamment de l’article 12 du code de déontologie des journalistes, l’article 35 du Code de la presse et de la communication ainsi que des dispositions de la loi organique relative à la HAAC. (…) Considérant que la pratique du journalisme doit se faire dans le respect de la loi, en conséquence et en application des dispositions de l’article 65 de la loi organique numéro 2021-031 du 6 décembre 2021 modifiant la loi organique numéro 2018-029 du 10 décembre 2018, la HAAC, après avoir délibéré en sa séance plénière du vendredi 1er mars 2024, décide la suspension de parution pour une durée de trois mois de l’hebdomadaire La Dépêche à compter de la date de notification de la présente décision, selon l’article 2 », a conclu le communiqué signé par Pitalounani Telou, Président de la HAAC.

Par Cherif Keita 

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