Tchad: Jusqu’à quand la femme tchadienne prendra conscience que le 8 mars n’est pas une journée festive mais plutôt une journée de revendication de vos droits premiers ?

 

Cette année encore on peut remarqué qu’il y a eu une kyrielle de designs du pagne du 8 mars un peu partout [administrations, marchés, et etc] presque toutes les femmes étaient en uniformes très très colorées ce jour pour célébrer la journée de la femme.

Presque toujours, mais plus encore dans le contexte du 08 mars, plusieurs organisations vont se réunir, directement ou par media interposés, pour faire des discours et communications plus inspirés (pas forcément inspirants) les uns que les autres sur les femmes, leurs droits, leurs luttes ou centrés sur la « fête » tout court avec des pagnes et couleurs assortis à l’événement.

Une séquence qui revient presque toujours dans ces communications est la suivante : femmes battantes, femmes fortes, femmes leaders, femmes reines, femmes éducatrices…

Les hommes, pour marquer l’événement et montrer leur reconnaissance (laquelle, pour beaucoup, s’arrête au soir de cette journée) et « leur engagement », chargent leur vocabulaire de phraséologies telles que : on vous respecte parce que vous êtes

Nos mères,
Nos princesses,
La mère de nos enfants,
Vous tenez nos maisons,
La source de la vie…

Le 8 mars est devenue une fête commerciale, un esprit mercantile qui n’a rien à voir avec les revendications qui sous-tendent cette journée. Le 8 mars n’est pas une journée pour faire tout ce folklore…manger, boire les meilleurs boissons et vins et danser…

c’est plutôt une occasion pour demander par exemple, arrêtez les massacres de la population, revendiquer la justice pour des cas de viol, pour qu’on prolonge les congés de maternités, vous qui êtes des fonctionnaires, demandez des crèches dans vos services pour garder vos bébés près de vous, vous qui êtes des commerçantes dans les marchés, demandez qu’on diminue les taxes, réclamer des infirmeries au sein des marchés… etc et etc…(la liste est longue)

Quand est-ce que la femme tchadienne prendra conscience que le 8 mars n’est pas une journée festive mais plutôt une journée de revendication de vos droits premiers ?

Comment comprendre le concours miss où on donne une voiture neuve qui coûte plusieurs millions à la lauréate, entre autres, alors que la fille première au BAC a un ordinateur de 150 mille. La beauté est plus importante que l’école. Et les femmes qui ne sont pas belles ? Sachant que les critères de beauté sont eux-mêmes des symboles du patriarcat
Le monde n’est pas juste avec vous. Certaines d’entre vous se battent vraiment, individuellement et collectivement pour lever la tête. On est fier de vous et nous vous soutenons, vous le savez ! Mais en essayant constamment de démontrer que vous êtes des leaders, fortes, battantes… cela vous fait entrer dans l’extraordinaire. Les garçons et les hommes se battent tout autant, contre le même patriarcat sous d’autres mécanismes, contre d’autres choses qui leur sont propres. Donc sortir la tête de l’eau, dompter son monde, avoir son entreprise, terminer ses études, se suffire, forcer le respect… est tout simplement, très simplement normal. C’est bien cela qui est normal.
Finalement, pour le 8 mars ou en aucun autre moment, on ne doit pas vous respecter parce que vous êtes des femmes avec tel ou tel attribut. Ce n’est pas cela le bon argumentaire. On vous doit respect et considération, on doit vous valoriser, vous devez jouir de vos droits, tout simplement parce que vous êtes des humains.

Si vous vous accrochez aux stéréotypes sexistes ci-dessus, vous risquez de ne pas aller loin. C’est une des raisons pour lesquelles notre lutte piétine depuis plusieurs décennies…

Bonne célébration de la journée des droits des femmes tout simplement en invitant nos femmes à plus de méditation et faire des 8mars à venir ce qu’elle doit faire

Par Kenzo Brown 

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