Togo : Faure Essozimna Gnassingbé était face à la presse locale, une première
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Le président était attendu devant les députés à l’Assemblée nationale le 26 avril, à la veille de la célébration du 63e anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale, pour prononcer son discours sur l’état l’état de la nation. Et comme se dernier réserve souvent des surprises à ses compatriotes , en lieu et place d’un discours traditionnel à diffusé sur la télévision nationale, il a préféré donner une interview à la presse locale. Et c’était face au journaliste de Chaine New Word Tv (NWtv) ce 27 avril 2023 dans un décor de salon.
On lui reprochait de ne jamais parler devant la presse locale. C’est fait !
« J’ai écouté les reproches qu’on me faisait, en ce qui concerne le manque d’entretien avec la presse locale », a laissé entendre le président sans trop s’attarder sur ce sujet.
Devant les journalistes de NWtv, Faure Essozimna Gnassingbé à donné son appréciation sur presque tous les sujets brûlant de l’heure et qui font l’actualité.
Sur le plan de la sécurité nationale , le président pointe du doigt deux groupes armés qui terrorisent les populations surtout dans la partie septentrionale du pays.
« Je sais que sans la paix, aucun pays ne peut se développer. Je sais aussi que c’est un acquis qui est précaire. Aujourd’hui, ce qui nous arrive est une agression qui vient de deux groupes : l’Etat islamique au Sahel, et le Groupe de soutiens à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) », a déclaré le président togolais.
« Nous dénombrons une quarantaine de Forces de défense et de sécurité (FDS), et une centaine de victimes civiles. Nous avons des succès. Ce n’est pas parce que nous ne faisons pas de communiqués que nous n’avons pas de succès. Mais, il y a quelque chose d’indécent à célébrer la mort d’une personne », a poursuivit le président, sans aller dans les détails. « Parmi celles-ci, il y a une cinquantaine d’étrangers » a-t-il rajouté
« Quand on est dans la capitale et qu’on mène une vie normale, on a l’impression que ce sont des incidents isolés. Ce ne sont incidents isolés parce que pour contrer ce genre d’attaques, c’est une vigilance de tous les instants. Depuis ces attaques, nous avons payé un prix lourd notamment les forces de défense et de sécurité (FDS) qui ont perdu à peu près une quarantaine d’hommes et malheureusement une centaine de civils s’y ajoutent. Ce n’est pas une guerre continue mais c’est des attaques meurtrières de destruction », dit-il.
Pour le président de la République, les Togolais ont une obligation, celui de défendre leur pays en temps de guerre. « Les Togolais doivent s’attendre à un combat long avec des périodes de drames parce que c’est inévitable quand il y a la guerre. Mais je puis assurer mes compatriotes qu’au bout, il y aura la victoire. Nous sommes déterminés à réduire les menaces », a-t-il promis.
« Nous avons été obligés de déplacer certaines populations pour mieux protéger la frontière. 12.000 personnes ont été déplacées. C’est ce qu’on appelle parfois des réfugiés intérieurs. Elles sont pour l’instant dans des familles et nous avons des infrastructures sanitaires et éducatives pour les mettre un peu à l’aise », a confirmé le chef de l’Etat à la presse.
En ce qui concerne les élections au Togo , le Chef de l’Etat n’a pas manqué de saluer la contribution apportée par chaque acteur dans l’organisation des dernières élections au Togo, afin d’avoir eu des élections apaisées.
« Il fut un temps, l’élection était synonyme d’inquiétude dans notre pays. Mais Dieu merci, nous avons fait des progrès, nous avons eu plusieurs élections apaisées. Mais, les remous à l’approche de chaque élection, c’est un débat normal. En réalité, il est habituel qu’à chaque fois qu’on s’approche des échéances électorales, il y a un petit peu d’agitation et de bruit. Nous avons essayé de prévenir cela en faisant un dialogue avec les acteurs de la classe politique. Aujourd’hui d’autres revendications surviennent. Mais pour ne pas polémiquer, je dirais qu’en politique, il faut avoir le sens du compromis. Quand on s’assoie et qu’on a le même objectif, c’est-à-dire la conquête du pouvoir, c’est normal que chacun ait sa stratégie. Et puis, il y aussi une part de posture. Parfois, quand on a des problèmes dans son parti, on essaie de les extérioriser autrement à travers des revendications en disant ceci, et cela », a-t-il fait remarquer.
Aussi, abordant le sujet de l’heure relatif aux élections régionales et législatives à venir au Togo, Faure Essozimna se veut un homme de compromis et de dialogue. Pour le président, les conditions sont réunies pour que les prochaines élections aussi soient libres, crédibles transparentes dans le pays. Toutefois, il dit être ouvert au dialogue pour renforcer davantage la démocratie au Togo.
«En politique, il faut avoir le sens du compromis. Nous avons un cadre électoral dont nous n’avons pas à rougir. Il faut être serein, faire campagne. Il ne peut pas y avoir de changement unilatéral du cadre électoral » a-t-il lâché sans ambiguïté.
« Je pense que nous avons un cadre électoral qui est ce qu’il est. Il n’est pas parfait parce que la perfection n’existe pas. Mais quand nous nous comparons aux autres, je crois qu’on ne va pas rougir. On n’est pas meilleur que les autres, mais on n’est pas aussi pire que les autres. Je crois qu’il faut être serein, battre campagne et s’il y a une volonté commune au sein de la classe politique de faire encore quelques changements du cadre électoral, pourquoi pas, parce que c’est dans le dialogue que nous pouvons trouver des solutions » a-t-il poursuivi dans ses dires.
D’autres sujets ont également meublés cette entrevue accordée à la presse. Les questions relatives à la période de la pandémie Covid-19, le manque d’eau, l’agriculture, l’emploi, la protection sociale, la promotion de la gent féminine et autres sujets ont été abordés.
En ce qui concerne la promotion de la gent féminine, Faure Gnassingbé peut être considéré comme un bon promoteur de la femme quant on sait que la Primature et la présidence de l’Assemblée nationale sont occupées par des femmes. Celui-ci veut toujours voir beaucoup de femmes émerger dans des postes de décision. Il a d’ailleurs émis ce souhait que les femmes engagés politiquement puissent se positionner lors des scrutins à venir, notamment les régionales et les législatives.
« Le Togo compte faire davantage dans la promotion de la femme togolaise » a-t-il affirmé fièrement
Cette première, le tout premier entretien accordé à la presse locale togolaise depuis son arrivée aux affaires en 2005, était donc une surprise agréable. Seulement, nous espérons que les prochaines entrevues avec Mr le président, puissent se faire en toute convivialité et dans une ambiance beaucoup plus décontractée, et surtout avec un panel de journalistes de la presse privée critique et ceux proche du pouvoir.
Par Frédéric Konaté