Nigeria : le président Tinubu ordonne la vente du pétrole brut à Dangote
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Le conseil exécutif fédéral (FEC) a approuvé une demande du président Bola Tinubu ordonnant à la Nigerian National Petroleum Company (NNPC) Limited de vendre du pétrole brut à la raffinerie de pétrole Dangote et à d’autres raffineries en naira.
Dans une déclaration sur X, Bayo Onanuga, conseiller spécial du président en matière d’information et de stratégie, a déclaré que la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et d’autres banques de règlement au Nigeria faciliteront les échanges entre Dangote et NNPC.
La FEC a approuvé la proposition lundi lors d’une réunion présidée par Tinubu.
« Pour assurer la stabilité du prix à la pompe du carburant raffiné et du taux de change dollar-naira, le Conseil exécutif fédéral a adopté aujourd’hui une proposition du président Tinubu visant à vendre du brut à la raffinerie de Dangote et à d’autres raffineries à venir en naira », a déclaré Onanuga.
La raffinerie de Dangote a actuellement besoin de 15 cargaisons de brut, pour un coût annuel de 13,5 milliards de dollars. La NNPC s’est engagée à en fournir quatre.
Mais la FEC a approuvé que les 450 000 barils destinés à la consommation nationale soient offerts en naira aux raffineries nigérianes, en utilisant la raffinerie de Dangote comme pilote. Le taux de change sera fixé pour la durée de cette transaction.
Onanuga a expliqué que cette intervention du chef de l’Etat éliminerait le besoin d’une lettre de crédit internationale, épargnant ainsi au pays des paiements en dollars.
Dangote vendra ses produits en naira
Zacch Adedeji, président exécutif du Federal Inland Revenue Service (FIRS), a indiqué que la vente des sous-produits de la raffinerie de Dangote aux distributeurs se fera également en naira.
« Et qu’est-ce que cela signifie pour notre économie ? Premièrement, la pression sur les devises étrangères va diminuer », a-t-il précisé. D’après ses précisions, le Nigeria dépensait entre 30 et 40 pour cent des devises étrangères pour l’importation de l’essence consommée par le pays.
Selon Adedeji, chaque mois, le pays dépense environ 660 millions de dollars dans cet achat, cela donnera 7,92 milliards de dollars par an. Et de se réjouir : « Avec cette approbation aujourd’hui par la FEC dirigée par M. le Président, cela a réduit le prix d’au moins 90 pour cent. Parce que ce que nous avons aujourd’hui, la transaction sera désormais effectuée dans notre monnaie locale, non seulement pour la raffinerie Dangote, mais pour toutes les raffineries locales pour toute notre consommation locale et cela stabilisera en fait le prix à la pompe ».
Un petit rappel du contexte
L’approbation de la raffinerie de Dangote et de la NNPC pour négocier en naira fait suite au différend entre le raffineur, la Nigerian Midstream and Downstream Petroleum Regulatory Authority (NMDPRA) et la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC).
Le 4 juin, Aliko Dangote, le fondateur du groupe Dangote, a déclaré que certaines compagnies pétrolières internationales (CPI) avaient du mal à approvisionner en brut sa raffinerie. S’en est suivie un épisode où plus d’un craignaient la fermeture de la raffinerie sur fond d’accusation d’importation du brut de mauvaise qualité.
En effet, Farouk Ahmed, directeur général de la NMDPRA, a également affirmé le 18 juillet que les raffineries locales, y compris la raffinerie de Dangote, produisent des produits de qualité inférieure à ceux importés dans le pays.
Dangote a refuté cette allégation en testant le diesel de sa raffinerie le 20 juillet lorsque les législateurs fédéraux ont visité l’usine.
Le milliardaire a également demandé une enquête sur les allégations formulées par la NMDPRA.
Le 22 juillet, les législateurs ont lancé une enquête sur les allégations d’Ahmed.
Ils ont déclaré que les allégations selon lesquelles les compagnies pétrolières internationales au Nigeria compromettent la survie de la raffinerie de Dangote seront également examinées.
Le même jour, Heineken Lokpobiri, ministre d’État des ressources pétrolières (pétrole), a tenu une réunion avec Dangote, Ahmed, Gbenga Komolafe, PDG de NUPRC, et Mele Kyari, PDG du groupe NNPC, pour résoudre le différend.
Le lendemain, la Chambre des représentants a demandé au gouvernement fédéral de suspendre Ahmed pour « commentaires imprudents ».
Par Rodrigue Izumo