Afrique : Presse : États des lieux d’un secteur d’activité aux multiples réalités dans sa pratique sur le continent

 

La journée mondiale de la liberté de la presse célébrée en sa 31e édition le 3 mai 2024, permet de décrypter le fonctionnement des médias dans un contexte de pression exercée par les gouvernements sur les journalistes.

Les difficultés rencontrées par les professionnels des médias dans l’exercice de leur métier sont courantes en Afrique. Les blocages pour accéder à l’information et les censures font partie des réalités qui empêchent l’évolution des entreprises de presse. Surtout, les emprisonnements et les assassinats des journalistes, affectent régulièrement ce secteur d’activité, notamment dans les régimes où la presse est perçue comme un contrepouvoir capable d’exposer et d’influencer les actions des dirigeants politiques. Dans cette manœuvre en rapport au musèlement de la presse, l’on se souvient du journaliste burkinabè Norbert Zongo, assassiné le 13 décembre 1998 alors qu’il menait une enquête sur le régime de Blaise Compraoré. Martinez Zogo, animateur camerounais, a été retrouvé mort et son corps mutilé le 17 janvier 2023 dans une banlieue de Yaoundé. Il s’était lancé dans un programme de dénonciation d’un vaste réseau de corruption et de détournement des fonds publics incluant dans la chaîne de hautes personnalités. Des éléments des forces de défense et de sécurité sont cités dans cette affaire en cours devant le tribunal militaire. Selon le rapport 2023 du Comité pour la protection des journalistes, le nombre de journalistes incarcérés dans les pays de l’Afrique Subsaharienne est passé de 31 à 2022 à 47 en 2023. Un chiffre probant des menaces qui pèsent sur la presse et les acteurs du domaine. «  La liberté de la presse au Cameroun est encore un leurre », s’insurge la journaliste Claire-Luce Angouande. Son propos rejoint celui de Kevin Tondji, enseignant de sociologie de la communication. « Le journalisme dérange les systèmes qui se reprochent de leur gestion approximative de la société. La lutte pour faire la lumière sur des cas sensibles oppose certains médias privés aux dirigeants. Les élites au pouvoir se servent de leur autorité pour intimider et réduire au silence les journalistes d’investigation ». Malgré les démarches des syndicats de presse, engagés pour une presse libre, les États d’Afrique enregistrent moult réalités qui font obstacle à l’épanouissement des journalistes.

Par William Omer Tchuisseu

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