Afrique :Tchad UNI-VER-SEL . L’esprit scientifique de Lucie Randoin pour le Désert du Sahara ?

Mémoires philatélique et scientifique ne seront sans doute qu’un grain de sel aux portes du désert. Mais jadis, une route du sel partait de l’Air traversait le désert du Ténéré et arrivait enfin à Bilma où se trouvaient des salines, lieu d’extraction du sel indispensable aux transactions. Cette route a fait l’objet d’un commerce caravanier pendant plusieurs siècles. Au cœur de la transaction : l’échange du mil contre du sel et des dattes. Les Touareg Kel Ewey étaient les plus attachés à cette activité.
Dans la première moitié du XII e siècle, les habitants du Kawār étaient indépendants de leurs puissants voisins du Nord et du Sud. Al-Idrīsī y atteste l’existence de plusieurs petites villes habitées par des commerçants et les travailleurs des salines. Les salines très riches de Bilma et d’Agram (Fachi) procuraient à leurs propriétaires des revenus considérables en raison de l’exportation massive du sel en direction des pays du Sahel. Aucune autre saline du Sahara central n’avait une valeur économique comparable.
L’exposition universelle de Dubai a mis en valeur l’édition originale de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Les philosophes avaient compris l’importance du commerce du sel. Les outils des saulniers figuraient dans les planches de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en 1778. Ils y voyaient la résonance de savoir-faire ancestraux capables de côtoyer de l’innovation dernier cri. A ce titre, « Lumière, Lumières », le thème du pavillon français à Dubaï a été conçu comme une double référence aux innovations philosophiques mêlées des richesses techniques et savoir-faire entre les peuples.
Jusqu’au XIXe siècle, le sel était une denrée très convoitée en Europe. La proximité avec les marais salants expliquait bien souvent la prospérité dans la cité de saulniers. En Bretagne par exemple, ces marchands de sel faisaient étape à La Roche-Bernard avant de remonter jusqu’à Vannes ou Redon. L’architecture des maisons historiques laisse deviner d’importants greniers dans lesquels était stockée cette marchandise si précieuse.
Le sel a été au cœur des travaux d’une scientifique oubliée au parcours très atypique par son rôle dans le développement de filières d’innovation circulaire.
Lucie Randoin (1885- 1960) fut la première femme biologiste à l’Académie française de médecine à imaginer notre futur entre science et nature. En s’appuyant sur l’histoire de découvreurs et de pionniers de l’économie bleue, ses travaux ont valorisé de nombreuses découvertes, en particulier pour valoriser le sel, le sable coquillier mais aussi des minéraux marins capables de renforcer le calcium de coquilles d’œufs. Sans oublier le Plasma de Quinton.
Après le décès de Marie Curie en 1934, aucune femme n’est entrée à l’Académie française de médecine avant Lucie Randoin. Un siècle plus tard, la place des femmes dans les institutions médicales reste congrue.
Sa contribution aux compléments alimentaires naturels développés par les industries Probiomer et les pionniers de la nutrition-santé est stimulé par un appel en faveur de la conception d’un timbre à son effigie : http://chng.it/pctNCtW8
Savez-vous que les deux premiers vaccins contre le Covid-19 disponibles en Europe sont issus de deux entreprises fondées par des universitaires, BioNTech en Allemagne, créée par trois chercheurs de l’université de Mayence, et Moderna, fondée par un biologiste d’Harvard ? Avec la grande bascule de la pharmacie de la recherche chimique vers la biotechnologie, l’essentiel des nouveaux médicaments est issu en tout ou partie des travaux académiques, d’où le succès mondial de la région de Boston, aux Etats-Unis, siège d’Harvard et du MIT.

La crise sanitaire souligne un vrai besoin car la recherche pharmaceutique est aujourd’hui l’activité économique et industrielle la plus liée à la recherche fondamentale. Aucun autre secteur n’a autant besoin d’un lien fort et direct entre les entreprises et les laboratoires des universités.
A ce titre, il faut aussi encourager l’esprit d’entreprise en université, en y intégrant le prisme de l’entrepreneuriat au féminin.
C’est pourquoi un appel est lancé afin que la conception timbre à l’effigie de Lucie RANDOIN puisse nous faire voyager dans le temps et les archives pour faire le pont entre l’actualité d’hier et d’aujourd’hui. Les enjeux ont-ils tant changé ? A nous de le découvrir.

Par Kevin LOGNONÉ 

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