Cameroun: Femme, ambassadrice de cohésion sociale ?

Le créateur et couturier camerounais K-risme Style réinvente la place de la femme comme ambassadrice de la cohésion sociale. L’œuvre historique et poétique « Les Amazones de la Chouannerie » de Théophile Briant et son étude approfondie par la femmes de lettres, Marie-Françoise Jeanneau offrent à l’Afrique une réflexion sur le rôle que peut jouer la culture et la créativité comme vecteurs d’un imaginaire commun.

Construire ce nouvel imaginaire commun implique d’apprendre à regarder et comprendre le monde d’un point de vue différent, nourri d’intelligences croisées. Plusieurs artistes et intellectuels peuvent aider les jeunes générations à se saisir de ce nouveau dialogue culturel.

Audacieuse et féministe, bien avant l’heure, Thérèse Joséphine de Moëllien Trojolif est née à Rennes le 14 juillet 1759, cousine du grand Armand Tuffin de la Rouerie. A 14 ans, orpheline de mère, son père l’envoie à Fougères chez son cousin qui a alors 20 ans. Admirative d’Armand, elle a sa fougue et jalouse
ses aventures aux États-Unis. C’est une femme avec un esprit libre et sauvage, on la surnomme l’amazone de la chouannerie.

Plusieurs guides racontent à Fougères que Thérèse Joséphine devient espionne pour le compte de son cousin et sa beauté fait tourner les têtes. On lui prête de nombreuses amourettes et même une avec son cousin, comme l’évoque Victor Hugo dans Quatrevingt-Treize.

Toujours vêtue d’épaulette et d’un chapeau à plume, son courage impressionne. Alors que les Chouans
de Fougères veulent fuir, elle exhorte son cousin à poursuivre la lutte. Elle est arrêtée en mars 1793 par un espion républicain et guillotinée le 18 juin de cette même année, la tête haute, un sourire de dédain au coin des lèvres qui touche le public venu assister à cette exécution.

Pour accompagner ce processus créatif, le conteur camerounais, Elisé Omoko a choisi de marcher les traces de Théophile Briant et de l’étude de Marie-Françoise Jeanneau consacrée aux « Amazones de
la Chouannerie ».

Voici quelques extraits d’un récit revisité, revigoré, transformé pour mieux rappeler la place de
l’Afrique comme partenaire de notre mémoire collective :
« Amazones, tu es l’ancre de mon histoire, la mamelle intarissable de paix, une source d’inspiration incontesté pour l’humanité. 400 ans. Quatre cents années ont trainé ton histoire, l’histoire de ton
peuple dans la boue, enchainée, muselée. Un morceau de fer scellé entre les dents, déshumanisé, réduit, vendu au milieu des poules et des chèvres.

Aujourd’hui encore, d’ici je peux entendre le grincement des chaînes, les plaintes de ta peau d’ébène durement déchirée par le fouet […]
Force et courage à toi ! De la résilience de ton bourbier, de ton histoire jailliront des rois, des reines, des princesses, des princes, des ambassadeurs de la culture comme des joyaux, comme témoins de ta
ténacité sur les quatre coins de la terre.
Amazones ! Bras fort et mère protectrice du Dahomey, source d’inspiration intarissable du Bénin à la sphère terrestre.
Tu inspires les grands hommes de culture de ce monde : le poète Théophile Briant de la Bretagne dans son écriture : Les Amazones de la Chouannerie. «
Terre des Amazones, le Bénin est aujourd’hui la grande puissance inspiratrice de la Coupe d’Afrique de
la Musique qui rayonne au-delà des frontières sur les 54 États du continent africain. Ainsi, l’Afrique desindustries créatives et culturelles représente bel et bien un laboratoire de production et de diffusion de savoirs et d’idées. La poésie et la musique mais aussi d’autres éléments de notre patrimoine immatériel comme des contes et des légendes offrent une caisse de résonance pour les agents du changement qui bousculent les codes, expérimentent de nouvelles relations au monde et impactent les sociétés contemporaines.

Par Kevin Lognoné

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