Colombie: La fondation culturelle Théophile Lognoné soutient la candidature de Rafa Padilla M pour la prochaine exposition à l’Alliance française de Medellín
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La fondation culturelle Théophile Lognoné a appris avec beaucoup d’intérêt l’organisation d’une exposition prévue du 22 février au 22 mars 2024 dans les locaux de l’Alliance française de Medellín.
A l’écoute des enjeux créatifs de “frontière intelligente” (“borders studies”), la fondation a soutenu un artiste originaire des hauteurs de Medellín, Rafa Padilla M dont la presse française a récemment salué son travail pour inspirer la conception d’un timbre-poste qui sera officialisé en 2025.
Un dossier de candidature a été monté pour soumettre trois œuvres de son travail pictural et ainsi les valoriser dans le cadre du Medellín Street Art Festival.
La première œuvre figurant au dossier concerne une acrylique sur toile représentant le thème suivant : Théophile Lognoné. Des débuts dans l’horlogerie à l’invention active, la vie d’un innovateur.
Théophile Julien Lognoné né le 27 juillet 1895 à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) et décédé le 4 septembre 1974, à La Gouesnière (Ille-et-Vilaine) est un bijoutier-horloger qui a fondé les industries Probiomer.
Passionné de découvertes, il a reconverti des micro-techniques d’horlogerie pour exploiter des minéraux marins et développer de recherches appliquées au domaine de la nutrition-santé.
Des débuts dans l’horlogerie à l’invention active, la vie d’un innovateur
Les motivations pour la recherche et l’innovation
La bijouterie-horlogerie de Théophile Lognoné choisit comme emplacement historique : la rue Grande-Rue-des-Stuarts à Dol-de-Bretagne.
La vitrine principale était consacrée à la marque suisse Zenith, dont Théophile Lognoné était l’un des détaillants. Aujourd’hui propriété du groupe de luxe LVMH, la marque Zenith fut récompensée par le Grand prix de l’Exposition universelle de 1900.
Parmi les personnalités ayant porté une montre Zénith, figure notamment le guide Gandhi. Cette montre de poche en argent était devenue l’une de ses rares possessions matérielles et accompagnait son quotidien, signalant notamment ses heures de prière grâce à une fonction d’alarme.
Elle accompagna aussi Louis Blériot lors de sa traversée de la Manche ainsi que d’autres pionniers de l’aviation dans leurs exploits, leur offrant un garde-temps précieux et précis malgré les conditions extrêmes de l’aviation. La marque Zenith fut fondée en 1865 par Georges Favre-Jacot qui sera le premier en territoire suisse à imaginer et à bâtir de vastes et lumineux bâtiments dédiés à l’horlogerie où le travail est contrôlé de bout en bout et industrialisé en s’inspirant du modèle de la Waltham Watch Company. Georges Favre-Jacot avait perçu les changements qui s’opéraient dans l’industrie horlogère, en particulier aux États-Unis où étaient construites des manufactures entièrement intégrées. Il s’informe et lit notamment le rapport de Jacques David lors de sa visite à l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876.
En Suisse, l’horlogerie s’est implantée au milieu du XVIe siècle à Genève, où s’étaient réfugiés de nombreux protestants français et italiens. En 1541, le réformateur protestant français établi à Genève Jean Calvin interdit le port d’objets ornementaux, forçant les orfèvres et joailliers à se tourner vers un autre art, à savoir celui de l’horlogerie.
Une formation technique à peine esquissée mais d’où naissent des passions
Théophile Lognoné observe dans la baie du Mont-Saint-Michel que les brisures de coquillages produisent des richesses nutritionnelles pour renforcer le calcium de coquilles d’œuf.
L’orfèvre observe alors les propriétés du calcium organique vivant. Ce minéral, présent dans le sable coquillier de la baie du Mont-Saint-Michel, permet de fertiliser des sols et d’améliorer la recherche en nutrition-santé.
Théophile Lognoné va utiliser des micro-techniques d’horlogerie (réparation de montres-bracelets) pour exploiter ces minéraux marins. Pour accompagner ses découvertes, il se porte acquéreur d’un bateau : le Saint-Pierre, dont le nom faisait en référence à Césarée (Caesarea), l’ancien nom antique de Jersey qui était associé à différents personnages du Nouveau Testament : Pierre, Paul, Hérode, Pilate. Le nom Césarée pour désigner Jersey fut maintenu jusqu’à ce que l’Empire Romain se christianise et devienne Andium, forme latinisée désignant « la très grande (île) ». Jersey se trouvant bien être la plus grande des îles mentionnées dans l’Itinéraire d’Antonin qui se situe entre Aurigny et Ouessant.
Les débuts de l’aventure industrielle : une implication totale, un travail acharné
Pour réussir son pari, Théophile Lognoné pose les bases d’une entreprise familiale. Il entend que le savoir-faire soit transmis de père en fils, de génération en génération pour innover. “Nous ne sommes pas une génération d’héritiers, nous sommes une génération d’entrepreneurs”. Il accorde une importance à la prospective et à la recherche appliquée : “L’horlogerie a besoin d’OPA : Oser, Préparer et Anticiper le monde de demain”.
Il nourrit une culture de propriété industrielle avec des brevets. L’ensemble de ses procédés sont brevetés avant de les industrialiser. Enfin, il entend s’appuyer sur une forte émulation locale pour décloisonner l’innovation. La valorisation de nouvelles ressources liées à la mer a longtemps rythmé l’économie locale des cités corsaires de Granville et Saint-Malo.
Il observe avec intérêt le fonctionnement des usines Dior dans le négoce puis la fabrication d’engrais naturels. Pionnière de l’importation des guanos du Pérou et de la fabrication du guano dissous, la maison Dior a été aussi la première à vulgariser en France l’emploi des scories de déphosphoration qui sont mélangées à l’acide sulfurique . En 1860, celle-ci avait obtenu le marché de la récolte des boues domestiques de Granville, qu’elle revendait aux agriculteurs une fois transformées et fermentées.
La crise de 1936 renforce l’entreprise
Pendant la crise de 1936, sa découverte est récompensée par la prime d’honneur du ministère de l’agriculture. Il vient alors d’inventer un complément alimentaire naturel, capable de renforcer le calcium de coquilles d’œufs et d’approfondir de nouvelles recherches pour demain.
Il y rend alors un hommage à l’œuvre de Victor Hugo, les Travailleurs de la Mer lors de son exil à Guernesey, dans lequel l’écrivain imagine la figure d’un roi Auxcrinier de l’Océan, qui aurait trouvé le bonheur dans ses États ; la constitution, dont il est l’auteur, refuse le droit d’entrée à l’or et à l’argent sans son autorisation : la seule monnaie ayant cours est le coquillage dont la mer est l’inépuisable coffre-fort.
L’intérêt porté au calcium de l’œuf par Théophile Lognoné, bijoutier-horloger, a été salué dans la mesure les œufs sont considérés comme des chefs-d’œuvre de la joaillerie. Les détails et le design qui les associent ont nourri un capital de créativité et d’imagination. L’Œuf à la poule est un œuf de Fabergé impérial, le premier d’une série de cinquante-deux, réalisé sous la supervision de Pierre-Karl Fabergé pour la famille Impériale Russe. La tsarine et tsar avaient tellement apprécié l’œuf qu’Alexandre III en commanda un nouveau pour sa femme à chaque période de Pâques.
Les œufs symbolisent aussi « l’amour éternel » de Marc-Antoine pour Cléopâtre.
Les réseaux de science et d’innovation, indispensables à la genèse de découvertes
L’entreprise va appuyer son développement depuis la Bretagne vers la Suisse, l’Allemagne, le Royaume-Uni.
Elle va aussi cultiver des partenariats atypiques : dans l’Allier, en particulier avec les moines de l’abbaye de Sept-Fons qui fabriquent la “Germalyne”.
Théophile Lognoné va aussi développer des relations épistolaires avec la biologiste, Lucie Randoin, (1888-1960). Agrégée de sciences naturelles en 1911, à une époque où l’agrégation était réservée aux hommes, puis docteur ès sciences en 1918, elle est la première femme à enseigner en Sorbonne et rejoindre l’Académie de médecine.
Après le décès de Marie Curie en 1934, aucune femme n’est entrée à l’Académie de médecine avant Lucie Randoin. Un siècle plus tard, la place des femmes dans les institutions médicales reste congrue.
Les travaux de cette scientifique oubliée au parcours très atypique ont permis de développer des filières du territoire entre terre et mer. Ses publications scientifiques ont permis de valoriser les apports de coquillages et minéraux marins.
En 1944, elle a conservé des sérums et vaccins de l’Institut Pasteur dans des sous-sols pour la Résistance. Avec la grande bascule de la pharmacie de la recherche chimique vers la biotechnologie, l’essentiel des nouveaux médicaments est issu en tout ou partie de travaux académiques.
La Rédaction