France : Eric Zemmour de nouveau condamné par la justice pour provocation à la haine.

Eric Zemmour de nouveau condamné par la justice. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné ce lundi l’ancien journaliste du Figaro à 10 000 euros d’amende pour provocation à la haine.

Le 29 septembre 2020, lors d’un débat dans l’émission «Face à l’info» sur CNews et après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le polémiste avait affirmé que les migrants mineurs isolés sont des «voleurs», des «assassins», des «violeurs.» «C’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent, vociférait alors Zemmour sur le plateau. C’est une invasion permanente.»

Ce lundi, comme à l’audience du 17 novembre, le prétendant à l’Elysée n’était pas présent dans la 17e chambre du tribunal correctionnel. En novembre, le parquet avait requis une peine de 100 jours-amendes à 100 euros, soit 10 000 euros d’amende avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement. La procureure avait qualifié ces propos de «méprisants» et d’«outrageants», qui montrent selon elle «un rejet violent» et une «détestation» de la population immigrée.

«Discours de haine»

L’avocat du polémiste, Olivier Pardo, avait de son côté sollicité la relaxe de son client. «Il n’y a pas une once de racisme chez Eric Zemmour», avait-il assuré, ajoutant que son client ne fait que dire «la réalité», parfois de «manière brutale, avec ses mots.» Il a d’ailleurs fait appel ce lundi dans la foulée de la décision de justice.

Pour ce procès, une trentaine d’associations se sont constituées parties civiles, dont SOS Racisme, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la Licra, ainsi qu’une vingtaine de conseils départementaux – les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, gérée par les départements. Dans leurs plaidoiries, les parties civiles avaient insisté sur la responsabilité de la chaîne d’information, propriété du milliardaire Vincent Bolloré via son groupe Vivendi, dont le «discours de haine» est «le fonds de commerce.»

Ce n’est pas la première fois que le candidat à l’investiture suprême est condamné par un tribunal. L’ex-journaliste de 63 ans, contraint à la mi-septembre de quitter CNews en raison de ses ambitions présidentielles, a été visé par une quinzaine de poursuites en justice depuis une dizaine d’années. Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.

«Contre-pouvoirs»

Déroulant à longueur de meetings et d’interviews son obsession du «grand remplacement», une théorie d’extrême droite qui a inspiré plusieurs terroristes suprémacistes, Zemmour charge également violemment les juges et le système judiciaire en général. «Les juges se sont imposés comme un pouvoir qui n’a aucune légitimité démocratique», lançait-il ainsi le 12 janvier sur CNews. «Ce sont les juges qui attaquent la démocratie, en ignorant la volonté […] Ils rendent [leur jugement] au nom de leur idéologie», cognait-il encore, dans un discours populiste assumé.

A Béziers, sur les terres de son ami Robert Ménard, en octobre, le candidat à l’investiture suprême affirmait encore : «Aujourd’hui, nous avons des contre-pouvoirs qui sont devenus le pouvoir, c’est-à-dire la justice, les médias, les minorités. Nous devons enlever le pouvoir à ces contre-pouvoirs.»

Le candidat d’extrême droite passera de nouveau devant un tribunal, jeudi, pour contestation de crime contre l’humanité : en octobre 2019, toujours sur CNews, il avait soutenu que le maréchal Philippe Pétain avait «sauvé» les juifs français. Il a été relaxé en février, le tribunal estimant que les propos avaient été prononcés «à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la guerre en Syrie.» Zemmour sera également jugé en mai 2023 pour diffamation aggravée, pour des propos tenus en 2019 sur le «mouvement féministe» et le «mouvement LGBT.»

Par Frédéric Konaté

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