France : la procédure de destitution d’Emmanuel Macron enclenchée, quelles chances d’aboutir ?

 

Le 17 septembre 2024, un tournant inédit a eu lieu au sein de l’Assemblée nationale française. Le bureau de l’Assemblée a jugé recevable une résolution visant la destitution du président Emmanuel Macron. À l’initiative de ce texte, les 72 députés de La France insoumise (LFI), soutenus par six élus écologistes et trois députés réunionnais du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR). Alors que la gauche approuve majoritairement l’examen de la résolution, la question demeure : cette initiative peut-elle aboutir ?

Un cadre constitutionnel complexe

La destitution d’un président de la République est une procédure rare en France. Elle s’appuie sur l’article 68 de la Constitution, qui prévoit cette possibilité en cas de « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Toutefois, les obstacles juridiques et politiques sont nombreux avant d’atteindre ce but.

Pour l’instant, la résolution a franchi une première étape en étant acceptée par le bureau de l’Assemblée, composé de neuf membres. Mais avant d’être débattue en plénière, elle devra passer par la commission des Lois, une étape où des tensions se dessinent déjà. Le Nouveau Front Populaire (NFP), majoritaire dans l’Assemblée, semble décidé à bloquer le processus.

Une gauche divisée

Même au sein de la gauche, les divisions sont palpables. Si La France insoumise reste déterminée à faire destituer Emmanuel Macron, d’autres partis adoptent une approche plus prudente. Iñaki Echaniz, socialiste et membre du bureau de l’Assemblée, estime que le moment n’est pas opportun pour une telle action. « Nous jugeons que la temporalité n’est pas à la destitution du président de la République », a-t-il déclaré, soulignant la priorité donnée à une motion de censure contre le futur gouvernement de Michel Barnier.

Du côté des communistes, la tonalité est similaire. Stéphane Peu, député GDR, bien que critique à l’égard du président Macron, considère que « la résolution déporte le débat vers la présidentielle à un moment où le Parlement est devenu central ».

Une résolution symbolique

Si l’examen en plénière reste incertain, le dépôt de cette résolution s’inscrit avant tout dans une dynamique symbolique. Elle exprime le malaise persistant au sein de l’opposition, exacerbée par la nomination de Michel Barnier en tant que Premier ministre, un choix qui, pour beaucoup, remet en question le résultat de l’élection présidentielle.

Dans ce contexte, la résolution de destitution semble avoir peu de chances d’aboutir, notamment face à l’opposition des socialistes et des communistes. Cependant, son existence témoigne d’une profonde crise de légitimité autour de la fonction présidentielle, au moment où Emmanuel Macron entame une période politiquement incertaine.

Que la résolution aboutisse ou non, elle marque un signal fort : celui d’un président de plus en plus contesté, dans un paysage politique français où les divisions internes au sein même de la gauche compliquent l’élaboration d’une stratégie commune.

Par Frédéric Konaté 

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