France: Matrimoine des arts et des lettres en haute Bretagne : Les trois Marie de Vitré

L’héritage culturel des femmes est valorisé depuis l’Antiquité. Au Moyen-âge, la notion de matrimoine a commencé à s’inscrire dans le langage. Aujourd’hui, le matrimoine est constitué de la mémoire des créatrices du passé et de la transmission de leurs œuvres. Qui sont les trois Marie de Vitré qui ont marqué la matrimoine des marches de Bretagne et bien au-delà ? Marie de la Tour d’Auvergne (1601-1665), la marquise de Sévigné (1626-1696) et Marie Lognoné (1897-1984).
La plus connue, la marquise de Sévigné incarne l’esprit du Grand Siècle. De son vrai nom, Marie de Rabutin-Chantal a entretenu des relations épistolaires qui témoignent des grandes affaires de son époque… Madame de Sévigné y rapporte par exemple l’affaire Fouquet ou encore la déchéance de Pomponne. Louis XIV et le marquis de Pomponne avaient poursuivi des efforts pour essayer de disloquer la Grande Alliance avec des discussions secrètes avec l’empereur Léopold Ier.
Par la grande diversité de ses propositions, le matrimoine de la marquise de Sevigné dépasse l’univers de ses correspondances, ouvrant notamment une réflexion ouverte sur la place des nouvelles technologies, à travers des expériences immersives de réalité augmentée qui permettraient de naviguer à travers les époques en relation avec Vitré et d’autres territoires.
Ancenis, d’Artagnan et le modèle d’écomusée sous-marin de Cannes
L’écomusée sous-marin de Cannes s’est ancré aux abords de l’île Sainte-Marguerite. Les visages de six Cannois, ont été immergés dans une zone réservée aux baigneurs. Ces sculptures sous-marines évolueront avec le temps, se recouvrant d’algues, de coquillages, devenant ainsi partie intégrante de l’écosystème marin local car leur texture rugueuse et leurs recoins permettent à la faune et à la flore marines de s’y réfugier et d’y prospérer.
Le thème des masques a été choisi par l’artiste en référence au mystérieux « Homme au masque de fer », qui fut emprisonné onze ans sur l’île (aujourd’hui Musée du Masque de fer et du Fort Royal), et rend aussi hommage au 7eme art. Le Masque de Fer est également un symbole reconnu depuis le 18e siècle pour dénoncer l’arbitraire du pouvoir absolu.
Avec son belvédère sur la Loire, Ancenis peut aussi devenir une référence du 7eme Art. Et un formidable écrin pour développer les industries culturelles et créatives autour de la Loire sauvage, l’arrestation de Fouquet par d’Artagnan et l’assignation à résidence de Marie Fouquet. Les correspondances de la marquise de Sévigné constituent bien entendu un précieux témoignage.
De Vitré au Thouarsais
Marie de la Tour d’Auvergne est un personnage central dans le rôle de trait d’union entre Vitré et l’éperon rocheux de Thouars dans le Poitou. Ces deux cités ont fleuri grâce au mécénat des arts et des techniques. Dès les années 1625-1628, celle qu’on surnomme la « papesse des huguenots » souhaite rénover le château médiéval de Vitré et reconstruire celui de Thouars, travaux qui commencent en 1638 d’après les plans de l’architecte Jacques Lemercier (1585-1654). Ce dernier entreprend à la même époque la construction des fortifications de la cité idéale intramuros du Cardinal : Richelieu en Indre-et-Loire. Lemercier est également reconnu pour ses travaux au Louvre ou pour la chapelle de la Sorbonne à Paris.
Du Carillon de Vitré au matrimoine d’Extrême-Orient
Le numéro 24 de la rue Duguesclin à Vitré représente un autre emblème du matrimoine de la ville. En effet, il s’agit de l’emplacement de l’établissement fondé par Marie Lognoné (1897-1984), exploratrice de la joaillerie et des arts verriers. Sa bijouterie « Au Carillon » est un nom emprunté au cheminement du carillon breton dont Rabelais faisait référence dans Pantagruel en 1532.
C’est aussi un chemin d’exploration de savoir-faire artisanaux et de voies d’innovation autour de matériaux comme le verre. Les arts verriers en Asie représentent un pont créatif que le pays de Vitré pourrait revaloriser dans le cadre de Vitré Lumières et de la prochaine Exposition universelle d’Osaka au Japon où de nombreux temples et maisons individuelles sont dotés de carillons de verre.
Le commerce de détail d’articles de joaillerie s’appuyait historiquement sur des activités d’assemblage de bracelets de montre. Par exemple, Les Ateliers de Vitré sont devenus un sous-traitant de référence pour les grands acteurs du luxe français. Riche de son bassin industriel, Vitré a développé des liens avec la « vallée du bijou » ardéchoise, où les ateliers Altesse fondés en 1905 employaient de véritables artisans passionnés. Sans oublier, les îles Anglo-Normandes dont le Musée du Diamant de Guernesey rappelle les échanges transmanche.

Par Kevin LOGNONÉ

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