Tchad: début d’indemnisation pour les victimes d’Hissène Habré
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Le Tchad vient de commencer à indemniser les victimes et les parents de victimes de l’ancien chef de l’Etat Hissène Habré renversé en 1990.
Le mardi 5 mars, un communiqué de la Commission internationale de juristes (CIJ, organisation des droits de l’homme) a en effet révélé que les versements des premières indemnisations du gouvernement tchadien aux victimes de l’ancien régime d’Hissène Habré ont débuté le 23 février dernier. Environ trois ans après le décès de l’homme d’Etat tchadien du Covid-19, et huit ans après sa condamnation à perpétuité, ce sont 10 milliards FCFA qui doivent être versés aux « survivants des prisons » et aux « familles de ceux qui ont été tués sous Habré », selon l’organisation, soit environ 10 800 personnes concernées. Djidda Oumar, président de l’Association des droits humains au Tchad, a précisé que chaque victime recevrait « 925 000 FCFA […] à part égales », de manière « directe ou indirecte ».
Cette annonce fait notamment suite à la rencontre organisée le 22 février dernier entre les associations de victimes et la présidence tchadienne, lors de laquelle cette dernière a réaffirmé son engagement à octroyer une indemnisation pour les victimes d’Hissène Habré, dans un souci d’apaisement et de réconciliation nationale. Les parties prenantes se sont ainsi mises d’accord sur le versement par N’Djamena d’une enveloppe de 10 milliards FCFA, décision saluée par Adoumbaye Dam Pierre – président de l’Association des victimes des crimes du régime d’Hissène Habré (AVCRHH) – en attendant cependant le versement effectif de la totalité des dédommagements prévus. « Imaginez qu’aujourd’hui, ça apporte quand même un peu de soulagement, même si ce n’est pas total, parce qu’il reste encore beaucoup d’argent, mais ce peu-là pourrait aider [les victimes] pour leur santé, peut-être payer la scolarité des enfants ».
Ces dédommagements constituent une étape importante pour le processus de réconciliation nationale, impulsé dès 2015 par la justice tchadienne lorsque cette dernière avait exigé le versement de 75 milliards FCFA de dommages et intérêts par le gouvernement et par 24 anciens agents de la police politique du régime Habré, pour des faits de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvements sur près de 40 000 victimes, avait estimé à l’époque une commission d’enquête tchadienne. « Les victimes doivent être d’abord apaisées, pour aller progressivement vers la réconciliation », a en effet rappelé le président de l’AVCRHH lors d’une interview donnée à Sébastien Nemeth, journaliste Afrique chez RFI.
Par NLR