Tchad : Hissène Habré veut sortir de prison, voici la réponse des victimes
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L’ancien président tchadien, Hissène Habré, condamné au Sénégal à perpétuité, pour crime de guerre et crimes contre l’humanité durant son règne (1982-1990), a à nouveau réclamé une libération temporaire.
L’ex-président tchadien, qui purge à Dakar une peine de réclusion à perpétuité pour crimes contre l’humanité demande cette fois une libération pour six mois, évoquant notamment des raisons de santé. Une demande qui passe mal aux yeux des victimes qui trouvent que l’ancien président vit déjà dans une prison dorée avec tous ces avantages, face à la gravité des crimes qui lui sont imputés.
Les défenseurs des droits de l’Homme et de ses victimes estiment que cette libération d’Hissène Habré pendant le Ramadan serait inacceptable. « Les victimes ne comprennent pas cette attention singulière ou discriminatoire, selon qu’il s’agisse de monsieur Hissène Habré ou des victimes. Et elles, personne ne semble s’occuper de leur sort : elles ne sont pas indemnisées depuis le procès, ces victimes sont laissées pour compte » a déclaré Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme.
Et de poursuivre : « ces sortes de libération peuvent s’expliquer pour des raisons humanitaires, mais cette considération ne doit pas être sélective ».
Reconnu coupable de crimes contre l’humanité, Hissène Habré a été condamné à la prison à perpétuité le 27 avril 2017 par les chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre l’Union africaine et le Sénégal. Hissène Habré a dirigé le Tchad d’une main de fer pendant huit ans, de 1982 à 1990 avant d’être chassé du pouvoir par l’actuel président Idriss Déby Itno.
Il s’était alors réfugié au Sénégal en décembre 1990, où il a été arrêté le 30 juin 2013. Âgé de 77 ans, Hissène Habré avait déjà bénéficié d’une autorisation de sortie de 60 jours dans le contexte de l’épidémie de coronavirus.
Par Kenzo Brown