Tchad : La diplomatie tchadienne, au cœur du Conciliabule
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Lors de la seconde édition du cycle de conférences « Le Conciliabule », cercle de réflexion sur le Tchad pour la jeunesse tchadienne, organisé à l’hôtel Radisson Blu de N’Djamena le 22 juin dernier par l’avocat au barreau de Washington Eric Guedeng Ledjebgue, l’expert en diplomatie Dr Khouzeifi Issakha Doud-bane est revenu sur les relations diplomatiques du Tchad. Le point sur l’état et les perspectives entourant les relations entre le Tchad et ses partenaires.
Lors du panel intitulé « Analyse des relations bilatérales : la France, les États-Unis, la Chine et la Russie », Dr Khouzeifi a livré une analyse détaillée et stratégique des relations internationales du Tchad avec ces puissances mondiales. Il a souligné l’importance de ces relations pour le développement économique, politique et social du Tchad, tout en mettant en garde contre les pièges d’une approche populiste de la diplomatie.
Dr Khouzeifi a commencé par définir la diplomatie comme une branche des sciences politiques qui concerne les relations internationales, fondées sur la vision du gouvernement pour l’intérêt du pays. Il a affirmé que : « La diplomatie c’est cette branche de sciences politiques qui concerne les relations internationales qui, elles, sont fondées sur la vision du gouvernement pour l’intérêt du pays. »
Cette définition pose les bases d’une compréhension claire de la diplomatie comme outil stratégique pour la réalisation des objectifs nationaux. Il a ensuite insisté sur l’importance de ne pas céder à une approche populiste de la diplomatie. En d’autres termes, il a souligné que le gouvernement tchadien doit avoir la liberté de maintenir des relations historiques et de forger de nouvelles relations diplomatiques en fonction des intérêts du pays, sans se laisser influencer par des pressions populistes : « On ne doit donc pas céder à une approche populiste de la diplomatie qui nous interdirait tel ou tel autre partenariat. Le gouvernement tchadien est libre de tisser de nouvelles relations diplomatiques ou garder les relations historiques selon ses intérêts. »
En abordant les relations avec la France, Dr Khouzeifi a reconnu que ce pays est un partenaire lointain mais influent, surtout dans le domaine militaire. Il a noté la présence d’organisations internationales françaises, telles que l’Agence Française de Développement (AFD), qui guident la politique de la France au Tchad à travers des programmes d’aide au développement. Il a souligné que : « Pour le cas de la France, il y a des organisations internationales françaises (type AFD) qui essayent de guider la politique de la France au Tchad à travers des programmes d’aide au développement. »
Cependant, Dr Khouzeifi a plaidé pour une évolution de l’approche française au Tchad. Il a suggéré que l’appui de la France devrait se concentrer davantage sur un accompagnement technique dans divers domaines, tels que la production, l’exploitation des ressources naturelles, l’industrialisation, l’emploi des jeunes et la protection de l’environnement. Il a expliqué : « Il faut que l’approche de la France au Tchad change. L’appui de la France devrait évoluer pour être axé sur un accompagnement technique sur des questions de productions, à l’exploitation des ressources naturelles, à l’industrialisation, à l’emploi des jeunes, à la protection de l’environnement, etc. »
Cette proposition reflète une vision stratégique de la coopération internationale, où le soutien technique et le développement des capacités locales sont essentiels pour assurer une croissance durable et autonome. Dr Khouzeifi a mis en lumière le besoin de réorienter les efforts vers des secteurs cruciaux pour le développement économique du Tchad, afin de créer des emplois et de promouvoir la durabilité environnementale.
En ce qui concerne les États-Unis, Dr Khouzeifi a mis en avant leur rôle significatif dans le domaine militaire, notamment à travers le renseignement et la formation, mais aussi dans le développement via des organisations comme l’USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international). Il a affirmé que : « Les États-Unis interviennent dans le domaine militaire avec les renseignements ou la formation mais aussi au développement, à travers des organisations comme l’USAID. »
Il a expliqué que la coopération avec les États-Unis offre une combinaison unique de soutien militaire et de développement économique. Cette dualité permet au Tchad de renforcer sa sécurité nationale tout en bénéficiant de programmes de développement durable. Les initiatives américaines, telles que les programmes de formation et de renseignement, jouent un rôle crucial dans le renforcement des capacités militaires du Tchad. Parallèlement, les projets de développement de l’USAID contribuent à améliorer les infrastructures et à soutenir les communautés locales.
Pour ce qui est de la Chine, Dr Khouzeifi a souligné la diversité de leur coopération, notamment par le biais des échanges commerciaux. Toutefois, il a identifié un défi majeur pour le Tchad : la nécessité de produire localement plutôt que d’importer constamment, et de transformer ses ressources avant de les exporter. Il a déclaré que : « La Chine offre une diversité en proposant des échanges commerciaux mais l’un des challenges majeurs pour le Tchad est de produire localement au lieu d’importer constamment. Nous ne pouvons plus continuer à exporter nos ressources sans les transformer. »
Quant à la Russie, Dr Khouzeifi a remarqué que ce pays prend de plus en plus de place dans les relations internationales du Tchad. Il a insisté sur la nécessité d’évaluer cette relation diplomatique avec la même rigueur que celle appliquée aux autres partenaires. Il a affirmé : « La Russie prend de plus en plus de place mais il faut rappeler que ce n’est pas un nouveau partenaire. Notre approche devra donc évaluer cette relation diplomatique avec la même rigueur que nous appliquons aux autres partenaires. »
Cette évaluation rigoureuse est essentielle pour assurer que la coopération avec la Russie soit mutuellement bénéfique et alignée avec les intérêts stratégiques du Tchad. Dr Khouzeifi a souligné que la Russie, bien que présente de longue date, doit être considérée avec un regard critique et pragmatique, tout comme les autres partenaires internationaux.
Pour conclure, Dr Khouzeifi a affirmé que le Tchad doit maintenir une approche diplomatique décomplexée et souveraine dans ses relations bilatérales et multilatérales, en privilégiant toujours ses propres intérêts. Il a déclaré que : « L’idée est que le Tchad n’a pas à céder aux trompettes populistes mais doit garder son approche décomplexée et souveraine dans ses rapports bilatéraux ou multilatéraux en privilégiant ses intérêts. »
Par NLR