Tchad : Les états généraux des médias, une nécessité urgente pour une solution durable

 

Depuis 2009, les États généraux des médias au Tchad avait pour objectif de renforcer la liberté de la presse et d’améliorer les conditions de travail des journalistes. Cependant, neuf ans plus tard, en 2018, une loi (31) liberticide est venue entraver ces ambitions, imposant des restrictions sévères à la liberté d’expression et au journalisme indépendant. Cette législation continue de poser de sérieux défis alors même que le métier de journaliste évolue rapidement.

Entre technologies et profits sans éthique

L’avènement des technologies numériques a transformé le paysage médiatique mondial, et le Tchad n’y échappe pas. Les réseaux sociaux, en particulier Facebook, sont devenus des plateformes où des individus se prétendant journalistes, souvent sans formation adéquate, diffusent des informations erronées. Ces « journaleux », comme on les appelle communément, bénéficient des mêmes avantages que les médias traditionnels sans pour autant respecter les mêmes normes déontologiques.

Cette prolifération d’informations non vérifiées et souvent biaisées pose un problème de crédibilité pour l’ensemble de la profession. En outre, elle ouvre la voie à ce que l’on peut appeler la « profitsitution », où des acteurs médiatiques peu scrupuleux privilégient le gain financier rapide au détriment de l’éthique journalistique.

L’impact de l’Intelligence Artificielle (IA)sur le Journalisme

L’IA représente un autre défi de taille pour les médias tchadiens. Les outils d’IA, tout en offrant des opportunités d’amélioration des processus de production de l’information, exercent une pression supplémentaire sur les journalistes pour qu’ils s’adaptent rapidement à ces nouvelles technologies. L’IA peut automatiser des tâches telles que la rédaction de brèves, l’analyse de données et la gestion des contenus, mais elle nécessite également une compréhension approfondie de ces technologies pour éviter les biais et garantir une information de qualité.

La nécessité de nouveaux états généraux des médias

Face à ces enjeux, la tenue de nouveaux États généraux des médias au Tchad est plus que jamais une nécessité. La Haute Autorité des Médias Audiovisuels (HAMA), en collaboration avec les organisations faîtières des médias, doit prendre l’initiative de réunir les acteurs du secteur pour discuter des problèmes actuels et proposer des solutions adaptées.

Ces États généraux devraient se concentrer sur plusieurs axes :

1. Révision législative : Abroger ou amender les lois restrictives de 2018 pour garantir une véritable liberté de la presse.

2. Formation et déontologie : Mettre en place des programmes de formation continue pour les journalistes afin de renforcer leurs compétences, notamment dans l’utilisation des technologies numériques et de l’IA.

3. Régulation des médias numériques : Établir des règles claires que celle en vigueur actuellement pour les médias en ligne et les réseaux sociaux afin de lutter contre la désinformation et protéger la qualité de l’information.

4. Éthique et Responsabilité : Promouvoir des pratiques journalistiques éthiques et responsables pour combattre le phénomène de gain facile.

La tenue des États généraux des médias au Tchad représente une opportunité cruciale pour réformer le secteur médiatique, répondre aux défis posés par les nouvelles technologies et renforcer la liberté de la presse. C’est une étape indispensable pour garantir une information fiable, indépendante et de qualité, essentielle à la démocratie et au développement du pays.

Par Éric Ngarlem Toldé

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