Tchad: Retour accéléré du contingent tchadien de la MINUSMA.
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Le départ anticipé de Kidal (région de Kidal, nord) des derniers contingents de la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour fin octobre semble compromis. Alors que l’organisation prévoit la fermeture officielle du camp à la fin du mois, en raison de la situation sécuritaire catastrophique sur place, quasiment aucun des avions de la MINUSMA n’ont pu voler ce week-end faute d’autorisation accordée par les autorités maliennes.
En effet, si la MINUSMA doit normalement quitter le Mali d’ici au 31 octobre, l’organisation a décidé de fermer son emprise de Kidal de manière anticipée, en principe ce 30 ou 31 octobre pour des raisons de sécurité et alors que l’emprise de Kidal devait normalement être restituée à la mi-novembre. Le retrait anticipé de l’organisation se justifie largement par la dégradation de la situation sécuritaire dans les régions Nord, ciblées par la reprise des affrontements entre les autorités régulières et les groupes rebelles du CSP-PSD mais également du renforcement des groupes terroristes (GAT). Prise entre deux feux, la MINUSMA a plusieurs fois alerté sur le danger que constituait cette situation pour ses effectifs toujours présents sur place ; et la situation sécuritaire s’aggravant, l’ONU a finalement décidé d’organiser un retrait sécurisé et anticipé de ces hommes restés à Kidal. Mais la MINUSMA fait face à de nombreuses difficultés, dont le refus toujours effectif des autorités maliennes d’attribuer des autorisations de vols pour le rapatriement des membres de la MINUSMA par vols aériens.
Le 27 octobre , seul un hélicoptère de la MINUSMA a obtenu l’autorisation de partir du Mali par vols aériens. Il s’agissait d’un appareil chargé de ravitailler en eau le convoi terrestre des Casques bleus tchadiens en route pour Gao depuis une dizaine de jours suivant leur départ des bases de Tessalit et Aguelhok. Pour rappel, ce convoi n’a pas obtenu les autorisations nécessaires des autorités maliennes pour rallier N’Djamena par voies aériennes, obligeant de ce fait les soldats tchadiens à emprunter les voies terrestres régulièrement ciblées par les attaques des GAT. La menace est réelle, tant pour les soldats de la MINUSMA que pour les populations civiles, qui sont victimes d’IED ou de tirs directs de la JNIM lors de leurs déplacements routiers : ainsi, dans l’après-midi du 23.10 à proximité d’Aguelhok, un véhicule de la MINUSMA a sauté sur un IED blessant 4 soldats tandis que 3 véhicules civils subissaient le même sort entre Gossi et Hombori, dans le Gourma, occasionnant de nombreuses victimes. Le convoi des Casques bleus tchadiens est finalement arrivé à Gao ce 29 octobre.
A part l’hélicoptère de ravitaillement, seulement 2 autres avions sur une vingtaine de demandes ont obtenu les autorisations pour voler entre Kidal et Gao les 28 et 29 octobre afin d’évacuer une partie du personnel de la mission de l’ONU. Seulement, ces autorisations délivrées au compte-goutte n’ont permis de rapatrier que quelques civils, d’autres membres du personnel de l’ONU étant toujours à Kidal. Leur départ d’ici au 31 octobre étant compromis, les Casques bleus restés sur place envisagent sérieusement de former un long convoi terrestre de Kidal vers Gao ces prochains jours, en dépit du risque élevé d’incidents terroristes (attaques djihadistes et poses de mines).
Le refus de délivrer les autorisations de vols par les autorités maliennes s’explique vraisemblablement par le fait que ces dernières tentent de gagner du temps. En empêchant les Casques bleus de partir par voies aériennes, elles espèrent que l’armée malienne pourra arriver d’ici à la mi-novembre à Kidal afin de récupérer l’emprise et d’éviter que celle-ci ne tombe dans les mains du CSP-PSD, quitte à mettre en danger les derniers effectifs de la MINUSMA restés sur place, dont les soldats tchadiens.
Pour rappel, les soldats tchadiens ont participé à la libération du Mali en 2013 face aux groupes djihadistes. Feu Idriss Déby avait envoyé ses hommes libérer le Mali voisin et plusieurs dizaines de Tchadiens y ont perdu la vie. La moindre gratitude et reconnaissance des autorités maliennes serait d’assurer le rapatriement des derniers contingents tchadiens dans le respect de leurs engagements, pour un retour au pays le plus rapidement et le plus en sécurité possible. Comme notre homologue burkinabè Le Pays a pu l’écrire le 27 octobre , les soldats tchadiens « ont mouillé le treillis dans la traque des terroristes » et plusieurs « y ont laissé la vie », avant de conclure : « Franchement, le contingent tchadien ne mérite pas ça ! ».
Par kenzo Brown