Burkina Faso : Coup d’Etat confirmé, le colonel Damiba est renversé, le capitaine Ibrahim Traoré est le nouvel homme fort

Un groupe de militaires a annoncé vendredi soir à la télévision nationale du Burkina Faso la mise le renversement du chef de la junte Paul-Henri Damiba, au pouvoir depuis un coup d’Etat en janvier. Le coup d’Etat, en cours depuis la matinée, vient donc d’aboutir. Le capitaine Ibrahim Traoré a lu un communiqué annonçant la dissolution du gouvernement et de la Constitution, ainsi que la fermeture des frontières du pays jusqu’à nouvel ordre.

Le lieutenant-colonel Damiba ne dirige plus la transition burkinabè. Il est remplacé par le capitaine Ibrahim Traoré qui prend la tête du MPSR, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, qui avait été instauré lors du précédent coup en janvier dernier et qui ne change donc pas de nom.

Les frontières terrestres et aériennes sont fermées à partir de minuit heure locale, la Constitution est suspendue et le gouvernement est dissout. Un couvre-feu est également instauré, entre 21 heures et 5 h du matin.

Toute activité politique est suspendue et « les forces vives de la nation » seront bientôt convoquées pour rédiger une nouvelle charte de transition afin de désigner un nouveau président, « civil ou militaire », précisent les soldats putschistes. Bérets rouges et visage découvert pour certains, casque et masque noir pour d’autres, ils affirment vouloir « poursuivre l’idéal commun » du peuple burkinabè, « à savoir restaurer la sécurité et l’intégrité du territoire. »

Les putschistes entendent également rassurer la communauté internationale : les engagements du Burkina seront respectés, « notamment les droits humains », selon la déclaration lue à la télévision. Le sort du lieutenant-colonel Damiba, désormais ex-chef de la transition, n’a pas été précisé.

Que s’est-il passé depuis le matin? Tentative de coup d’Etat ou simple revendication des militaires? La situation était confuse À Ouagadougou, la capitale des tirs NOURRIS ont été entendus tôt ce vendredi 30 septembre dans la matinée, au moins dans le camp de Baba Sy et dans les environs du palais présidentiel de Kossyam.

Des sources indiquent que le signal de la Radiotélévision du Burkina (RTB) est coupé. Son siège est encerclé depuis la nuit dernière par des militaires, selon l’un des responsables de ce média qui demande à ses collaborateurs de ne pas s’y rendre pour le moment.

Près des locaux de la RTB, des forces de l’ordre lourdement armées sont positionnées entre la Primature et le rond-point des Nations unies. Des véhicules militaires ont été positionnés au niveau de l’échangeur du quartier Ouaga 2000.

Selon un proche du président de la transition cité par nos confrères de Jeunes Afrique, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba (qui a pris le pouvoir en janvier dernier par un putsch contre Rock Marc Kaboré) « va bien ».

Evolution de la situation

Selon plusieurs sources sécuritaires, ce sont des revendications d’ordre financier qui sont à l’origine de ce mouvement d’une partie des éléments des forces spéciales, des soldats d’élite formés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Des primes impayées sous l’ex-président Kaboré auraient versé, mais les nouveaux éléments de ces forces d’élite ne les auraient pas reçus. Ces derniers « se sont levés », selon une source proche du pouvoir, contactée par le correspondant de RFI sur place. L’application de certains textes adoptés sous le régime du président Kaboré serait aussi en discussion, précise cette source.
D’autres sources pointent aussi un mécontentement dû à la gestion de la situation sécuritaire avec la dernière attaque contre un convoi de ravitaillement à Gaskindé.
Même si les tirs ont cessé depuis plusieurs heures maintenant, la situation reste toujours tendue. Le président burkinabè et le commandant des opérations du théâtre national (COTN) mènent des discussions, selon notre correspondant de RFI à Ouagadougou, Yaya Boudani.
Communiqué de la présidence du Burkina Faso

Le Président du Faso, Chef suprême des Forces armées nationales, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, au regard de la situation confuse créée suite à un mouvement d’humeur de certains éléments des Forces armées nationales ce vendredi 30 septembre 2022 à Ouagadougou, invite les populations à observer la plus grande prudence et à rester calme face à certaines informations qui circulent notamment sur les réseaux sociaux. Des pourparlers sont en cours pour ramener le calme et la sérénité. L’ennemi qui attaque notre pays ne souhaite que la division entre Burkinabè pour accomplir son action de déstabilisation. Restons unis pour le triomphe de la paix et de la sécurité.

Direction de la Communication de la présidence du Faso.

La situation est toujours confuse dans la capitale Ouagadougou. De nouveaux tirs ont été entendus dans le quartier de Ouaga 2000 et vers la présidence. Vers 17h heure locale, les négociations sont toujours en cours entre le pouvoir en place et les soldats mutins.

À la place de la Nation, des dizaines de jeunes demandaient la libération du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, accusé de tentative de coup d’État et de blanchiments de capitaux sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré et incarcéré depuis le mois de janvier 2022. D’autres manifestants exigent tout simplement la démission du président Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Par Francis Kaboré 

Commentaires Facebook