France: Des bas-bleus au centenaire d’une « aiguille mesurant l’espace » : reflet d’un amour des lettres et des industries créatives
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Avez-vous déjà entendu parler du Bas-bleuisme ? Un mouvement de femme de lettres mais aussi de réformatrices sociales, mécènes, salonnières, critiques littéraires et enfin membres influentes de la société éponyme des bas-bleus. Leur héritage laisse aux générations futures une esthétique littéraire pleine d’aspiration, au même titre que des œuvres d’art originales, ainsi que des tissus et des designs, reflétant l’amour de femmes leaders pour l’artisanat de qualité et l’industrie du futur.
L’expression bas-bleu apparaît au XIXe siècle pour désigner une femme de lettres. Le terme a rapidement pris une connotation péjorative, comme celui de femmes savantes chez Molière.
Le mot est traduit de l’anglais « blue stocking » et désignait au départ les habitués d’un salon littéraire présidé par une femme, Elizabeth Montagu (1720-1800), qui réunissait chez elle, une fois par semaine, des amies qui partageaient ses goûts littéraires. Les hommes étaient admis à leurs réunions, et parmi eux, paraît-il, un certain Benjamin Stillingfleet, qui se présenta un jour en bas de soie bleus après que son hôtesse lui eut assuré que son salon était ouvert aux gens d’esprit, et non aux élégants. Le petit club s’appela par plaisanterie « Le cercle des bas bleus ».
Les industries textiles ont pleinement participé à de grands efforts d’innovation, comme voudrait le rappeler l’architecture de Space Needle – témoignage architectural d’une aiguille futuriste construite à Seattle pour l’exposition universelle de 1962.
L’aiguille, outil précieux pour le travail méticuleux de l’artisanat et des métiers du luxe
En référence aux activités historiques de création et de confection (kit de couture, aiguille aux pinces à bout rond…), le centenaire Marie-Françoise Jeanneau en 2027 est l’occasion de redécouvrir des ponts intellectuels, créatifs et littéraires autour de nombreux thèmes : lettres , poésie, dialogue des cultures , patrimoine vivant, industries créatives et culturelles.
Issue d’une grande famille de courtiers en fil et en tissu originaire du Lion d’Angers, Marie-Françoise Jeanneau (1927-2020) est la petite fille d’Auguste Marie Jeanneau qui a repris en 1904 à la mort de son père Auguste Jeanneau (1841-1904) l’entreprise familiale Auguste Jeanneau & Compagnie, fournisseur de la Marine et de l’Armée de terre.
Marie-Françoise Jeanneau nous a quittés à l’âge de 93 ans, après une vie littéraire bien remplie. Après avoir élevé six enfants, elle reprit ses études pour devenir professeur de lettres classiques (français, latin, grec) qu’elle enseigna dans la cité corsaire de Saint-Malo, à Choisy et à l’Institution (intramuros).
Puis, à Rennes, elle assura la fonction de formatrice à l’institut supérieur de formation de l’enseignement catholique. La retraite venue, elle s’investit dans plusieurs associations, dont « Les Amis de la Tour du Vent », la Société d’Histoire et d’Archéologie, l’Université du Temps Libre où elle enseigna le grec pendant un certain nombre d’années, le regretté président de l’association Souvenir de Chateaubriand Amitiés culturelles, Yves Debroise décédé en décembre 2019, fut au nombre de ses étudiants.
L’aiguille et l’espace : lianes de coopération entre lettres & industries créatives du futur
La référence aux aiguilles se veut aussi une référence aux terrains vierges de l’horlogerie (les aiguilles d’une montre) qui ont nourri des innovations avec la chimie et les biotechnologies vertes avec Pierre Lognoné mais aussi biotechnologies bleues avec les Industries Probiomer.
En souvenir de ses années d’études au palais universitaire d’Angers en 1947, Marie-Françoise Jeanneau avait rédigé une étude passionnante sur les « Amazones de la Chouannerie » en écho au passé de tradition militaire de la ville d’Angers qui héberge notamment l’école du Génie.
Cette même année, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le CIDEF : centre de français langue étrangère (FLE) de l’Université catholique de l’Ouest (UCO) était créé en 1947. Les premiers étudiants des « cours de français pour étrangers » étaient polonais et allemands. C’est au milieu des années 1960 que le CIDEF se développa, en particulier avec l’arrivée d’étudiants américains effectuant leur « gap year » en France.
De Bamako à Austin, les jumelages angevins offrent des chemins croisés d’ouverture, entre rayonnement littéraire et industries créatives du futur, au même titre que le partenariat spécifique noué avec la ville suédoise de Södertälje, siège de l’entreprise Scania, depuis 1998.
Par Kevin LOGNONÉ