Afrique:  Le dattier du désert, une essence pour créer la grande muraille verte Africaine ?

Le dattier du désert (Balanites eagyptiaca) est un arbre que nous retrouvons dans la partie sahélienne
du Cameroun, particulièrement dans le département du mayo louti, région du Nord Cameroun. Il est aussi appelé en tamajeq Aboragh, en bambara zeguene, ou encore appelé savonnier au Tchad, ou
sump (en Wolof) ou Murtode (Pulaar) au Sénégal.

Cet arbre est confronté, outre le stress hydrique, à la prédation de différents ruminants : dromadaires, chèvres et moutons. Il s’agit d’un excellent pâturage, très appétant. Sont consommées les feuilles sèches tombées (talufakt en tamasheq) et les fleurs (azakalkal en tamasheq). Des études ont été réalisées en vue d’augmenter cet usage dans l’alimentation du bétail.

La chèvre est capable de manger le fruit lui-même en entier. Cette consommation ne nuit pas à l’arbre ; au contraire, il s’agit d’un cas de zoochorie, c’est-à-dire de dissémination des semences par un animal. En effet, après avoir ingéré des fruits, la chèvre rejette au repos leurs noyaux en ruminant. Le pouvoir germinatif est augmenté après l’ingestion par une chèvre, l’action mécanique et chimique de son système digestif pouvant provoquer la levée de dormance.

 

Cet arbre épineux est facilement reconnaissable à ses branches retombantes et à son feuillage vert
glauque. Il peut atteindre 10 mètres de hauteur. Ses feuilles, divisées en deux lobes, sont plus petites que ses épines qui mesurent jusqu’à une dizaine de centimètres et sont disposées en spirale le long des rameaux et des branches. Des fleurs jaune verdâtre fleurissent à l’aisselle des feuilles. Elles produisent des fruits ovoïdes, longs de 3 à 4 centimètres, jaunes à maturité, à la pulpe comestible,
contenant une amande riche en huile. On retrouve cette espèce en Afrique tropicale sèche, en Arabie et en Inde. En Afrique, elle se développe sur des sols sableux, pierreux ou lourds.

L’huile de Balanites aegyptiacas regorge d’énormes vertus. Elle renforce en profondeur l’élasticité de la peau, un puissant baume pour les soins des peaux déshydratées. Elle est conseillée pour les crèmes, et pour les visages, pour le corps, et pour la fabrication des savons adoucissants. Elle a cette particularité d’avoir ses propriétés nourrissantes, cicatrisantes et réparatrices ; cette huile précieuse de balanites a aussi des effets antirides reconnus. Elle peut s’utiliser pure en soin de la peau pour
soigner les desquamations ou simplement en produit nourrissant au quotidien.

Cette huile est recommandée aussi pour les cheveux secs, cassants et ternes ; l’huile de balanites protège intensément les cheveux et renforce le cuir chevelu. Elle joue le rôle anti inflammatoire ; elle
a des propriétés antifatigues, soulage les muscles, apaisent les courbatures, sert de massage pour les malades atteints de rhumatismes. Elle cicatrise les plaies et les brulures. Son action antimicrobienne
permet de lutter contre les boutons et de soulage l’acné. Elle a aussi la caractéristique de convenir
aussi bien aux peaux sèches, qu’aux peaux normales et mixtes ; même vos masques pour adoucir et lisser la peau et soigner les imperfections. Les produits à base de balanites permettent de soigner la peau ; car elle contienne de l’acide linoléique, acide gras polyinsaturé appartenant à la famille des oméga-6.

Comment produit -t-on l’huile de Balanites d’aegyptiaca ?

L’extraction de l’huile de Balanites aegyptiaca s’obtient donc par pressage à froid. Ce fruit se compose de la pulpe, d’un noyau à la coque très dure et d’une amande. La principale valorisation du Balanites concerne l’extraction de l’huile de l’amande, qui contient de 47 à 60 %. Cette huile, très riche en protéines, est comestible. L’extraction de l’huile de Balanites implique plusieurs étapes.

• En premier, les fruits sont trempés dans l’eau, puis sont lavés pour enlever la peau et la pulpe, et séchés pendant deux jours.

• Une décortiqueuse permet de concasser les graines.

• Les graines concassées sont triées et nettoyées à travers un travail collectif pourséparer les amandes.
• La coque est utilisée pour le bois de cuisine, et la poudre qui sort du concassage est utilisée comme aliment du bétail.
• Les amandes sont ensuite moulues à l’aide d’un moulin qui transforme les amandes en pâte.
• Une presse à huile permet enfin d’extraire l’huile et d’obtenir un tourteau. L’huile s’obtient donc par
pressage à froid.

Dans le mayo louti, seulement 35% de femmes connaissent les vertus de cette huile et 83% de personnes dans le sud Cameroun ne connaissent pas l’importance de cette huile et le peu qui ont une idée ne savent pas où on les retrouve.

D’autre part, il faudra mettre sur pied une politique pour la valorisation à travers l’organisation des foires pour faire connaitre du grand public. Cette huile regorge d’énormes vertus qu’il serait idéal de valoriser auprès de partenaires techniques et financiers pour accompagner la production de cette essence. Il sera aussi important de sensibiliser la population des zones sahéliennes de protéger ces plantes qui leur aideront à améliorer leurs conditions de vie.

 

Dans le mayo louti et dans la zone sahélienne en général au Cameroun la production est faite de façon traditionnelle en introduisant de l’eau pour extraire le tourteau, ce qui fait perdre 40% de ses vertus.

Il est donc nécessaire d’accompagner les femmes à produire de façon professionnelle en leur octroyant
des machines pour perfectionner l’exploitation de cette huile produite de façon traditionnelle. Le Balanites égyptiaca est utilisé comme pour des repas mais reste peu connu de la zone de production du mayo louti et même dans le sud Cameroun. Elle représente une huile de cuisson intéressante car
son point de fumage est plus élevé que celui de l’arachide. Elle est mieux équilibrée en acides gras insaturés.

Par MAWE MOUMBE Cécile epse NZODA et Kevin LOGNONÉ

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