Brésil: Jacques Cartier et Catarina Paraguaçu (« Catherine du Brésil »)
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Une preuve de séjour de l’explorateur malouin Jacques Cartier au Brésil est le baptême à Saint-Malo, le 31 juillet 1528, d’une indigène brésilienne nommée Catherine du Brésil, la marraine étant la femme de Jacques Cartier. En écho à ces archives d’état civil d’une richesse exceptionnelle, la célébration en 2025 du bicentenaire des relations diplomatiques entre la France et le Brésil pourrait encourager les deux pays à développer les « Archives de la Planète » du XXIème siècle, en s’appuyant sur d’importants évènements multilatéraux (Cop30 au Brésil dans un calendrier correspondant aux 10 ans de l’accord de Paris, Conférence des Nations Unies sur les océans à Nice…).
Depuis le XVIe siècle, les expéditions de pêche à la morue ont durablement marqué les aventures transatlantiques notamment vers les côtes du Brésil que Jacques Cartier connaissait également, avant de partir explorer le Canada. L’association des descendants de la famille de Jacques Cartier et de ses compagnons conserve de précieux témoignages pour revenir aux sources de cette odyssée.
En 1532, alors qu’une guerre éclate entre la couronne du Portugal et les armateurs normands au large du Brésil, l’explorateur Jacques Cartier est présenté au roi François 1er par Jean Le Veneur, évêque de Saint-Malo et abbé du Mont-Saint-Michel. Celui-ci évoque des voyages que Cartier aurait déjà faits « en Brésil et en Terre-Neuve », pour affirmer qu’il est à même « de conduire des navires à la découverte de terres nouvelles dans le nouveau monde ».
Recevant une commission du roi de France, et devenant en ce sens le successeur de Giovanni da Verrazano, Jacques Cartier dirigera, aux frais du roi, trois voyages vers l’Amérique du Nord entre 1534 et 1542, espérant y trouver un passage pour l’Asie, sinon des richesses.
Plusieurs historiens avancent qu’il aurait pu accompagner une campagne de pêche, pour se rendre à Terre-Neuve avant 1532, car la région était fréquentée des pêcheurs basques et bretons. Certains suggèrent aussi qu’il aurait pu participer à l’un des voyages d’exploration de la côte brésilienne par la flotte normande sous pavillon dieppois, vu :
D’une part, les fréquentes comparaisons que Cartier fait, dans ses récits de voyage, entre les Amérindiens de la Nouvelle-France (contribuant par ses récits au mythe du bon sauvage) et les Brésiliens, ainsi que sa connaissance du portugais car lors de sa retraite il agit à plusieurs occasions comme interprète en langue portugaise ;
D’autre part, l’histoire de la ville de Dieppe, qui relate la navigation non seulement du capitaine Jean Cousin, mais de deux autres capitaines, Thomas Aubert et Giovanni da Verrazzano, qui embarquèrent de Dieppe en 1508 et reconnurent le fleuve Saint-Laurent, auquel ils donnèrent son nom.
Rappelons que Jacques Cartier fut un témoin ou juré, dans des procédures judiciaires, très recherché de la part de ses concitoyens. En effet, sur une période s’étalant du 21 août 1510 au 17 novembre 1555, son nom est indiqué sur 58 actes de baptême, dont 35 où il apparaît comme parrain d’enfants.
Tissant soigneusement ses liens parmi les bourgeois et les officiers municipaux de Saint-Malo, Jacques Cartier consolida également son réseau social grâce à ses fréquentations auprès de la confrérie de Saint-Jean-Baptiste, communément appelée la confrérie des Frères Blancs.
Il semble que, parallèlement au domaine maritime, Jacques Cartier s’intéressait également au monde judiciaire, puisqu’en 1518 il avait en sa possession un livre intitulé Les loables Coustumes du pays & Duche de Bretaigne, dans lequel se trouvaient les règles juridiques bretonnes et les coutumes de la mer (rôles d’Oléron). C’est sans doute grâce à son savoir du droit qu’il était souvent sollicité comme témoin ou juré dans les cours de Saint-Malo.
Par Kevin LOGNONÉ