Cameroun : La romancière Amougou Mbarga raconte le péril des jeunes africains sur le chemin de l’Europe

 

Son roman « Au nom des Kaolo », paru en 2023, dresse le récit macabre d’une camerounaise trempée jusqu’au cou dans les histoires rocambolesques, qui ambitionne de quitter coûte que vaille le pays natal pour l’Hexagone. Les récits présentent les situations de plus en plus observées en Afrique. La quête effrénée des billets de banque, la prostitution, l’arnaque et bien d’autres déviances sont pratiquées par bon nombre d’africains désireux de partir à l’étranger. L’auteure est promotrice d’entreprise agricole ; la littérature l’occupe à ses heures perdues.
La rêveuse de l’Eldorado
Kaolo, le mot n’a aucun secret pour les africains d’ici et d’ailleurs qui l’emploient habituellement pour désigner les papiers ou la légalité en terre étrangère. L’auteure Amougou Mbarga est entrée dans la danse pour décrire le cas de Naomi Essalah, personnage principal du récit. Entre les marabouts, prêtres et néo pasteurs, la jeune coiffeuse va multiplier les fréquentations à caractère mystico spirituel pour atteindre ses objectifs : avoir de l’argent, charmer ‘’son blanc’’ pour afin obtenir ses papiers et voyager en Occident. Mère de trois enfants issus de trois différentes relations, elle voudrait laisser la pitoyable vie du pays natal pour l’Eldorado, cette partie du monde où on gagne facilement les euros, dit-on. La prostitution cache le paraître peu importe les effets subis. «  Quand nous avons fini, du moins quand il a fini, j’ai récupéré la peau de bête et je l’ai fourrée dans mon sac. Je me suis habillée …Je pensais déjà à mon voyage ». Ce passage du roman de la page 173, décrit une scène déviante qui met en action Naomi Essalah- vendeuse du sexe et un client. Elle va vendre son corps dans plusieurs rues de la capitale, multipliant ainsi les partenaires sexuels. Son blanc d’internet ignore la vie perverse que mène sa dulcinée à Yaoundé. Le rêve, les rêveries, l’illusion, l’entraînent dans un univers devenu une obsession pour elle. Mais son hantise, trop grande pour être réalisée, la conduira vers un dénouement malheureux. Elle ne réussira pas son ambition.
Le complexe africain face à l’Occident mis en exergue

La romancière dénonce dans un premier temps les manœuvres des africaines et des africains lorsqu’ils s’engagent pour voyager en Europe. Tous les moyens sont bons pour ces derniers peu importe les actes posés pour arriver à leur fin. Ensuite, elle sensibilise et éduque l’opinion face à des réalités parfois méconnues mais qui nécessitent une connaissance du grand nombre. Les apparences masquent les insanités que l’auteur expose tout en suggérant la prudence. Aussi, l’idée d’une Europe où il fait essentiellement bon vivre à l’allure d’un paradis, est mentionnée dans le roman pour être battue en brèche au regard des crises financières et sociales auxquelles font face certains gouvernements en Occident. L’auteure décrit le complexe africain et milite pour une considération de l’Afrique, cette terre qui regorge les richesses et les opportunités qu’il faut exploiter pour réussir.

Par William Omer Tchuisseu

Commentaires Facebook