France : Quelle perception de l’Extrême-droite en Afrique suite à la montée en puissance du Rassemblement National (RN) ?

Les élections législatives dans l’Hexagone affichent un résultat partiel de 33% pour le RN et ses alliés à l’issue du premier tour. Un score qui les classe actuellement au-dessus des partis rivaux. Cette actualité française est largement suivie sur le continent au regard du programme politique de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, deux figures de proue du RN, notamment dans le registre de l’immigration. Examen d’une situation qui pourrait être déterminante pour les relations entre Paris et l’Afrique en cas de victoire finale du RN.

« L’alternance commence ». Ce slogan du Rassemblement National suppose une rupture fondamentale par rapport aux divers systèmes de gouvernance qui se sont succédés à la tête de la France. Il s’agirait également du démarrage d’une politique de changement qui inclut une réforme profonde dans la gestion globale de l’État ainsi que dans les rapports diplomatiques.
Le Rassemblement National vu de l’Afrique et des africains
En Afrique le programme « anti-immigration » du RN constitue le noyau de la distanciation observée entre les africains sur le continent et les immigrés résidents sur le sol français. « L’absence de maîtrise de l’immigration depuis de décennies a conduit à ce que l’assimilation des étrangers présents sur le sol national devienne impossible. Elle conduit au communautarisme, au séparatisme. De plus en plus de personnes vivant en France ne veulent pas vivre selon les mœurs françaises, ne connaissent pas la loi française et parfois veulent imposer leurs modes de vie à leurs voisins, à l’école, au travail, dans les services publics, dans l’espace public ». Cet extrait d’un document de Marie Le Pen, met en lumière la philosophie de son parti sur l’immigration. Elle préconise « L’adoption par le peuple français du texte qui lui sera soumis » et qui « permettra de décider qui peut entrer sur le territoire national et y demeurer ». Aussi, le RN « facilitera l’expulsion des étrangers en situation irrégulière menaçant l’ordre public ou condamnés par la justice ». Des principes xénophobes ?
« La France se célèbre et se présente aux yeux du monde comme une terre d’accueil et d’hospitalité ; une illustration du village planétaire ; un asile où les cultures des peuples d’horizons multiples évoluent pacifiquement. Cette image de la France défendue par ses nombreux courants politiques fait sa fierté au niveau mondial. Or le Rassemblement National à travers son idéologie, rame à contre-courant et propose une vision hostile à l’immigration. Sa gouvernance éventuelle de la France pourrait faire basculer la coopération entre Paris et les pays africains. Le RN est perçu en Afrique, en France par une certaine opinion et au sein de la classe politique française comme un adversaire du multiculturalisme et de l’inter culturalité, deux valeurs essentielles de la France », soutient Ngatué Anicet, chercheur en sciences politiques de l’université de Yaoundé II. « Il y aurait une réticence manifeste des africains et des hommes politiques vis-à-vis du RN », réaffirme-t-il.
Le second tour des législatives du 6 et 7 juillet donnera les résultats définitifs de la compétition. Les concurrents du RN en l’occurrence le Nouveau Front Populaire (NFP) et Ensemble pour la République d’Emmanuel Macron, respectivement deuxième et troisième au premier tour, appellent les français à voter contre le Rassemblement National.

Par William Omer Tchuisseu