Japon: A l’origine des relations entre Sendaï et les Bretons 

Henri Fréville, maire de Rennes (1953-1977) a publié ses souvenirs dans son livre Un acte de foi. Sous sa mandature, une charte de jumelage entre Rennes et Sendaï fut signée le 6 septembre 1967. A l’époque, elle se fixait pour objectif de « resserrer les liens d’amitié et également de promouvoir la paix et la prospérité mondiale ».
En réalité, la mise en relation entre les deux villes s’est faite dès 1963. L’ambassadeur de France à Tokyo cherchait alors des informations sur Rennes et vit de nombreuses similarités avec Sendaï. Un très bon article de Place publique avec des notes d’Henri Fréville font notamment écho à l’appui de Sendaï dans le domaine ostréicole en baie du Mont-Saint-Michel pour venir en aide aux huitres de Cancale. Plusieurs extraits sont passionnants :
« Exactement dans le même temps où s’ébauchait notre politique de relations extérieures […], une importante ville japonaise, elle-même mue par des impératifs similaires et désirant emprunter les mêmes voies de développement, Sendaï, nous faisait connaître, spontanément, son souhait très vif
d’établir avec Rennes des rapports concrets pour ce qui concernait les affaires culturelles, la recherche scientifique, plus spécialement médicale, mathématique et écologique.

Le truchement entre les deux villes fut M. Étienne Dennery, ambassadeur de France à Tokyo, auquel des échos multiples sur la croissance rennaise et les ambitions de notre ville étaient parvenus. Il prit, auprès de M. Alexandre Stirn, préfet de la région de Bretagne, toutes les informations convenables.

M. Étienne Dennery, spécialiste des problèmes d’Extrême-Orient, était bien connu des historiens, des géographes et des sociologues de ma génération depuis la publication, en 1928, d’un volume Foules d’Asie que, jeune universitaire, il avait écrit au retour d’un « voyage autour du monde » accompli comme lauréat de la bourse du même nom. Ce livre, très neuf, avait eu un grand retentissement par la vision originale de l’Extrême-Orient qu’il donnait à l’Occident et qui s’avéra profondément exacte. »

Une capitale intellectuelle et commerciale

Dans une lettre d’octobre 1963, l’ambassadeur indiquait : « Sendaï, dont la population compte plus de 600 000 âmes, est la capitale intellectuelle et commerciale de la région de Tohoku (nord-est du Hondo). Elle possède une université d’Etat qui prend rang parmi les plus importants établissements d’enseignement supérieur du pays. Un lecteur français y a été nommé en 1962 ».

« En outre, la ville et les communes avoisinantes ont récemment été désignées par le gouvernement comme l’un des nouveaux centres industriels dont le développement sera encouragé afin de combattre l’excessive concentration de l’économie japonaise. Sendaï sera donc amenée à occuper une place d’importance croissante dans la vie de la nation ».

Il concluait : « Le double rôle, intellectuel et économique, que joue Sendaï dans une partie du Japon où notre influence n’est pas encore solidement établie, me paraît justifier la création éventuelle de liens d’amitié entre cette ville et la capitale de la Bretagne ».

Sendaï aide l’ostréiculture bretonne

L’idée de ce rapprochement parut d’autant plus séduisante que les projets de la ville de Sendaï, quant à l’orientation de son développement, et ceux de la ville de Rennes – toutes proportions gardées –étaient de même nature et coïncidaient également avec ceux des principales des villes jumelles, Rochester, Erlangen, Exeter.

Ces similitudes ouvraient des horizons intéressants et étaient susceptibles de mener à de fécondes études comparatives.

Une série de réunions permirent, grâce à la compétence et à la gentillesse de M. Hiroshi Uchida, conseiller à l’ambassade du Japon et à M. François Toussaint, conseiller des Affaires étrangères au Quay d’Orsay, de faire le point très précis de la situation et donnèrent la mesure de ce à quoi pouvait mener une véritable collaboration avec Sendaï. Celle-ci s’ouvrait, en effet, avec résolution et intelligence, aux recherches de pointe dont les mathématiques et l’électronique, mais aussi la biologie animale et végétale et la lutte contre la pollution.

Sa baie, grâce aux initiatives prises et énergiquement poursuivies, est, de ce fait, probablement unique au Japon pour la salubrité de ses rivages et ses instituts de recherche sur la faune marine sont devenus des centres d’avant-garde auxquels la Bretagne a eu recours, au cours des dernières années, quand plusieurs de ses parcs ostréicoles furent atteints par certaines épidémies.

Par Kevin LOGNONÉ

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