Monde: Lucie Randoin, un hommage philatélique ?

Lucie RANDOIN (1885- 1960) fut la première femme biologiste à l’Académie de médecine à imaginer notre futur entre science et nature. Après le décès de Marie CURIE en 1934, aucune femme n’est entrée à l’Académie de médecine avant Lucie RANDOIN. Un siècle plus tard, la place des femmes dans les institutions médicales reste congrue.
Ses publications scientifiques ont permis de soutenir le rapprochement de filières entre terre et mer. Et en particulier encourager la valorisation de minéraux marins capables de renforcer le calcium de coquilles d’œufs. Ainsi, ses travaux en nutrition ont aidé les acteurs de la filière avicole, car les œufs étaient beaucoup plus résistants pour les transports et les ventes.
Enfin, elle a soutenu les pêcheurs de grand fond en quête de produits sains et naturels ainsi que des compléments alimentaires naturels comme le sel des Antilles et la farine de manioc de Madagascar. Son héritage scientifique a contribué à établir l’importance primordiale d’une alimentation naturelle et équilibrée sur notre santé.
Bien avant l’arrivée des premiers colons, les populations amérindiennes Arawaks installées sur l’île l’appelaient Soualiga, «Terre de sel». Durant le XVIème siècle, grande époque des corsaires et des flibustiers, diverses nations convoitèrent l’île pour ses dépôts salins. Ce sont les Hollandais qui remarquèrent les premiers l’étang salin de Great Bay. Ils installèrent alors les premières familles et l’histoire de l’économie saline de Saint-Martin s’amorça.
Le sel a été cultivé en partie française dans les salines de Grand Case, Chevrise et Quartier d’Orléans. Celle de Grand Case était la plus grande de la partie française et sa production était alors exportée en métropole, dans la Caraïbe, au Canada et aux États-Unis. Le précieux minéral permettait alors la conservation de la viande et de la morue.
Dans sa contribution au développement de compléments alimentaires naturels, Lucie RANDOIN a entretenu des relations épistolaires avec plusieurs innovateurs, dont mon arrière grand-père, Théophile Lognoné lorsqu’il a fondé les industries Probiomer.
La contribution que les travaux et les recherches, les enseignements de Madame Lucie RANDOIN ont apporté en termes d’innovations nutritionnelles, sanitaires et agricoles est exceptionnel.
Agrégée de sciences naturelles en 1911, Madame Lucie RANDOIN a publié près de 500 articles de 1910 à 1957 portant sur ses différents travaux au sein des revues scientifiques attachées aux sociétés et académies scientifiques françaises. Enseignante-chercheuse, elle a également publié une quinzaine d’ouvrages dont les plus notoires sont : Les données et les inconnues du problème alimentaire (1927, 900 pages), Les vitamines (en collaboration avec H. Simonnet, 1932), Vues actuelles sur le problème de l’Alimentation (1937), L’alimentation et la vie (1941), Régimes, vitamines et équilibre alimentaire. Vers une thérapeutique nouvelle (1942), Les rations alimentaires équilibrées, Guide pratique de l’alimentation (1951).
Membre titulaire de la société de Biologie le 21 mars 1931, elle en a été élue Présidente en 1945. Secrétaire générale de la Société scientifique de l’hygiène alimentaire en 1942, Madame Lucie RANDOIN est élue membre libre de l’académie de Médecine de Paris le 21 mai 1946.
Considérée comme l’une des plus grandes spécialistes sur les questions de nutrition, ses travaux ont essentiellement porté sur les vitamines, en démontrant le rôle tenu par ces substances dans l’alimentation quotidienne. Chercheuse, elle s’est attachée à travailler avec les industries et l’État pour la mise en pratique de ses découvertes, en particulier lors des périodes de restriction (conflits armés).

Madame RANDOIN a représenté la France, comme déléguée française, aux conférences internationales pour la standardisation des vitamines (juin 1931 – juin 1934, Londres, Société des Nations). Elle a participé à des congrès scientifiques dans le monde entier : Boston en 1929, Rome en 1932, Madrid en 1934, Bruxelles en 1935, Constantza en 1936, Bâle, Berne et Lausanne en 1950, Lausanne et Rome en 1955, etc.
Madame Lucie RANDOIN fut élevée au rang de commandeur de la Légion d’honneur en juillet 1958, par décret du ministère de l’Éducation nationale, après avoir été promu officier le 15 décembre 1948 et nommé le 26 juillet 1933. Honoré du titre de chevalier puis d’officier du Mérite agricole (1930 puis 13 avril 1957), d’officier de l’ordre de la Santé publique (21 janvier 1956), de commandeur de l’ordre des Palmes académiques (19 février 1957), d’officier du Mérite sanitaire de Roumanie.
Sa contribution en temps de guerres mondiales démontre sa dévotion au monde et aux sciences.
Un appel en faveur de la conception d’un timbre à l’effigie de Lucie RANDOIN a été lancé sur la plateforme : https://chng.it/m9XbKMSX

Par Kevin LOGNONÉ

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