Ouganda : Muhoozi Kainerugaba renonce à la présidentielle de 2026 pour soutenir son père

 

Le général Muhoozi Kainerugaba, fils unique du président ougandais Yoweri Museveni, a annoncé via un message publié sur X (anciennement Twitter) qu’il renonçait à sa candidature à l’élection présidentielle de 2026. Cette annonce marque un tournant dans le paysage politique ougandais, où l’on considérait le général Kainerugaba comme un potentiel successeur de son père, au pouvoir depuis 1986.

« Je soutiendrai mon père lors des prochaines élections présidentielles », a déclaré Muhoozi, mettant ainsi fin aux spéculations autour de sa candidature. En 2023, il avait pourtant déclaré son intention de briguer la présidence, affirmant vouloir incarner une nouvelle génération de leadership dans un pays marqué par près de quatre décennies de règne de son père.

Un retrait stratégique ou un signe de continuité ?

À 50 ans, Muhoozi Kainerugaba est souvent perçu comme le dauphin naturel de Yoweri Museveni, qui n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature pour un septième mandat. Fort de sa carrière militaire et formé dans des institutions prestigieuses telles que l’Académie militaire royale de Sandhurst au Royaume-Uni, Muhoozi jouit d’une influence notable au sein des forces armées ougandaises. Il occupe actuellement le poste de chef d’état-major général des Forces de défense populaires de l’Ouganda, un rôle clé dans la stabilité du régime.

« Aucun civil ne dirigera l’Ouganda après le président Museveni. Les forces de sécurité ne le permettront pas. Le prochain dirigeant sera un soldat ou un policier », a-t-il déclaré dans un tweet controversé, renforçant l’idée d’un pouvoir militaire dominant dans l’avenir du pays.

Cette déclaration s’ajoute à une série de propos polémiques que Muhoozi Kainerugaba a souvent partagés sur les réseaux sociaux, suscitant critiques et appréhensions tant au niveau national qu’international. Bien qu’il ait retiré certaines de ses publications les plus controversées, son utilisation des réseaux sociaux a souvent alimenté les débats sur son style de leadership et ses ambitions politiques.

Yoweri Museveni : un règne sans fin ?

Yoweri Museveni, 79 ans, règne sans partage sur l’Ouganda depuis son accession au pouvoir en 1986, après avoir renversé Milton Obote lors d’une guérilla. Il est aujourd’hui l’un des chefs d’État les plus anciens du continent africain. Réélu en 2021 pour un sixième mandat avec 58 % des voix, il avait affronté le populaire opposant Bobi Wine, un ancien chanteur devenu une figure majeure de l’opposition politique. Bobi Wine avait recueilli 35 % des suffrages dans une élection marquée par des allégations de fraudes massives et de violences contre l’opposition.

Le scrutin de 2021 avait été largement critiqué tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Des arrestations massives de membres de l’opposition, des agressions contre les journalistes et la répression violente des manifestations pro-Bobi Wine avaient fait au moins 54 morts. Ces événements avaient accentué les appels à un changement de gouvernance dans le pays, où la démocratie semble étouffée sous un régime de plus en plus autoritaire.

Quel avenir pour l’Ouganda ?

Le retrait de Muhoozi Kainerugaba de la course présidentielle de 2026 semble renforcer la position de son père, dont l’intention de briguer un nouveau mandat est devenue de plus en plus probable. Cependant, la question demeure : l’Ouganda verra-t-il un réel changement de leadership ou continuera-t-il sous la domination de la famille Museveni ?

Pour beaucoup d’Ougandais, la réponse se trouve entre les mains des forces de sécurité, fidèles à Museveni et à son fils, et qui semblent déterminées à maintenir leur emprise sur le pouvoir politique du pays.

Par Rodrigue Izumo 

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