Soudan : Les populations se mobilisent contre le coup d’Etat militaire

L’information a été annoncée ce lundi 25 octobre, par le ministère de l’Information du Soudan. Des militaires ont arrêté plusieurs dirigeants du pays dont le premier ministre Abdullah Hamdok. Les populations sont déjà descendues dans les rues pour s’opposer à ce coup d’Etat en gestation.

La situation s’envenimait entre civils et militaires qui se partagent la direction du pays, depuis la chute de Omar El Béchir. Après l’annonce des arrestations ce lundi, la rue et la communauté internationale se sont mobilisées pour faire échouer cette nouvelle tentative de coup d’Etat après celle de septembre.

Les militaires tentent de prendre le pouvoir au Soudan
Les mésententes allaient grandissantes entre les deux camps, civils et militaires. Au point où le premier ministre qualifiait la situation de « crise la plus grave et la plus dangereuse » pour la transition. Le camp pro-civil avait même mis en garde contre un « coup d’Etat rampant », lors d’une conférence de presse.

Ce n’est donc pas une surprise l’annonce du ministère de l’Information selon « la plupart des ministres et les membres civils du Conseil de souveraineté ont été arrêtés (…) par des forces militaires ». Seul ce ministère communique sur son compte Facebook depuis que la télévision d’Etat a été prise d’assaut par des soldats, sans aucune déclaration.

Le communiqué a ajouté que « après qu’il a refusé de soutenir le coup d’Etat, des forces armées ont arrêté le Premier ministre Abdallah Hamdok et l’ont emmené vers un lieu non identifié ». Depuis que le bloc civil qui codirige est divisé en deux camps opposés, les militaires ont indiqué qu’ils ne peuvent laisser le pouvoir entre les mains des civils divisés.

La résistance s’organise
Le premier ministre arrêté, a appelé les soudanais à descendre dans les rues pour « défendre la révolution » pacifiquement. L’Association des professionnels, l’un des conducteurs de la révolte de 2019 qui a mis fin à 30 années de dictature d’Omar el-Béchir, a dénoncé un « coup d’Etat militaire ».

Soutenu par le syndicat des médecins et des banques, il a appelé à la désobéissance civile à Khartoum. Appel auquel a répondu la population en descendant en masse dans les rues de la capitale. Malheureusement, Rfi annonce que l’armée a tiré « à balles réelles » sur des protestataires devant les quartiers généraux de l’armée. Le contraste est que des manifestations rivales pro-civiles et pro-militaires sont en cours à Khartoum.

L’Union africaine appelle à une « reprise immédiate » du dialogue entre civils et militaires. L’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes, a estimé ces arrestations au Soudan « inacceptables » et a appelé les militaires à libérer les personnes arrêtées. De son coté, l’Union Européenne a fait part de sa grande préoccupation à travers son chef de la diplomatie, Josep Borrell. Les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets », prévenant que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ».

Mais au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan a confirmé le coup d’Etat en annonçant la dissolution du Conseil de transition ainsi que du gouvernement. Il décrète un état d’urgence dans l’ensemble du pays, avant d’ajouter qu’un « gouvernement de personnes compétentes » va être formé.

Par Issa Abdou

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