Tchad : Vers la rupture entre Mahamat Idriss Deby Itno et Succès Masra?

Les résultats de l’élection présidentielle du 6 mai de l’année en cours divisent les deux personnalités de l’État.

Nommé Premier Ministre Chef du Gouvernement de Transition le 1er janvier 2024 par le Général Mahamat Idriss Itno aux commandes du pays, Succès Masra s’oppose aujourd’hui au système auquel il appartient depuis cinq mois. Il revêt ainsi sa casquette de principal contrepouvoir à l’armée et proteste le verdict des urnes qui selon l’Agence nationale de gestion des élections (Ange), classe le président de transition vainqueur avec 61, 03 % des voix contre 18, 53 % pour lui, le leader du parti Les Transformateurs. « Un petit nombre d’individus a décidé de refuser la volonté du plus grand nombre et veut inverser l’ordre des chiffres. Ces individus se trompent pas seulement sur le résultat des élections mais sur leur capacité à pouvoir la voler encore une fois ». A la suite de sa dénonciation, il a saisi le conseil constitutionnel pour contester le résultat du vote, pareillement qu’il exige l’annulation du suffrage.
« Il serait difficile pour Succès Masra d’obtenir gain de cause dans le contexte actuel marqué par la reconnaissance de plusieurs opposants de la victoire de Mahamat Idriss Deby, ainsi que de la validation des institutions des résultats de l’organe en charge des élections », soutient Thomas Fotué Simo, écrivain et chercheur en sociologie politique de l’université de Yaoundé 1. « La victoire des militaires au pouvoir a été une évidence dès le départ si on considère la machine gouvernementale déployée pour assurer le maintien de Mahamat Idriss Deby à la tête du Tchad », renchérit-il. L’avenir politique de Succès Masra en tant que Premier Ministre pourrait être remis en cause dans une bataille pour le positionnement de quelques figures de l’opposition. Le cas présent du Tchad reflète le vote en Afrique centrale où les autorités au sommet des États manigancent pour se maintenir aux affaires par la corruption et la compromission.

Par William Omer Tchuisseu