Tchad : Que cache la mission d’influence russe en période électorale ?
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Le russe Maksim Shugaley a conduit une mission d’influence à N’Djamena en parallèle du scrutin présidentiel au Tchad. Maksim Shugaley se présente comme un sociologue désireux de réaliser une étude sur l’opinion publique tchadienne. En réalité, ce dernier est un acteur phare de l’influence politique russe en Afrique. Selon le quotidien RFI, il dirige la Fondation pour la protection des valeurs nationales, une organisation à but non lucratif fondée en 2019 pour promouvoir les activités de la société militaire privée Wagner. A cet égard, il a participé à plusieurs campagnes de propagande et de désinformation dans des pays où Wagner est active, comme la République centrafricaine, le Mali ou la Libye. En 2021, dans les rues de Bangui, il a par exemple fait placarder des affiches annonçant que plus de 90 % de la population soutiendrait la présence russe en Centrafrique, ainsi que l’action du président Faustin Archange Touadéra. Cet agent d’influence russe est également un fervent promoteur du long métrage de propagande Tourist, indirectement financé par Wagner.
La portée réelle de ses missions en Afrique a été dévoilée dès 2019. Maksim Shugaley a effectivement été condamné par la justice libyenne à 18 mois de détention pour tentative d’ingérence électorale et violation du régime des visas à la suite d’une rencontre avec Saïf Al-Islam Kadhafi, l’un des fils de Mouammar Kadhafi. Il aurait été libéré grâce à l’intervention de l’ancien dirigeant de Wagner, Evgueni Prigojine, dont il était réputé proche.
Lors de sa visite de cinq jours à N’Djamena, Shugaley est apparu en photo aux côtés de membres de l’association « Nouvelle génération » selon RFI. Sans légitimité particulière, il s’est exprimé au nom des Tchadiens et les a invités à chercher « de nouveaux partenaires internationaux », ce qui sous-entend un appel à une intensification des relations avec la Russie. L’opérateur russe a également dénoncé les tentatives américaines d’ingérence dans le processus électoral tchadien, une affirmation qui semble ironique sachant qu’il a lui-même rencontré des représentants du pouvoir, de l’opposition et des acteurs de la société civile en plein cœur de l’élection présidentielle.
Sa visite est significative de la volonté de Moscou d’influencer l’opinion tchadienne dans un moment particulièrement déterminant pour l’avenir du Tchad. A cet égard, il semble bon de rappeler que la limite entre l’influence et l’ingérence peut être fine.
Par NLR

