Tchad : l’autisme, mal peu connu mais un calvaire pour les parents

Au Tchad , l’autisme est l’un des handicaps mal connus. Que ce soit sur le plan social, médical ou encore éducatif, les enfants souffrants des troubles autistiques sont marginalisés et discriminés dans le pays. Non seulement les enfants en paient le prix, mais les parents aussi.

Des enfants renfermés sur eux mêmes, qui sont attachés à leur environnement immédiat et habituel, qui ne fixent pas leurs interlocuteurs et qui ont des réactions détachées de la réalité, peuvent être caractérisés d’autistes.

L’autisme est un trouble du développement humain déterminé par des difficultés d’apprentissage social et de communication, avec des comportements immobiles. Au Tchad, les difficultés de prise en charge des enfants autistes sont légion. La rédaction du journal l’œil du Sahara s’y intéresse.

Le rejet de l’école

Martin est en classe de CP1. Âgé de 10 ans, il a été détecté autiste en 2018. Ses parents ont dû batailler dur pour pouvoir l’inscrire dans une école. « Pour l’école c’est pénible. Lorsque vous amenez l’enfant, étant agité, il est rejeté. C’est ce que nous vivons« , témoigne la mère de Martin. « Il faut vraiment faire le tour pour pouvoir avoir une école qui accepte de prendre ces enfants« , confie-t-elle, affirmant que c’est avec soulagement qu’elle dépose désormais son enfant chaque matin à l’école.

« Dans les écoles, on renvoie les enfants autistes parce que leur réaction se diffère des autres« , renchérit un autre parent d’enfant autiste, rencontré ce matin . Beaucoup de gens pensent que ces enfants ont quelque chose liée à la sorcellerie, c’est ce qui explique leur mise à l’écart. Une situation que les parents vivent la mort dans l’âme.

Où en est la prise en charge médicale?

Pour que le diagnostic soit posé, il faut l’implication de plusieurs spécialités qui font défaut au Tchad.Les parents se font trimbaler de service en service regrette cette mère d’enfant autiste. » Au début quand tu dis que ton enfant a des troubles, on te trimbale un peu partout. Chez le neurologue, vous faites des scanners, des trucs et des trucs, on ne voit rien et donc l’enfant est toujours dans son état. Et puis après, de bouche à oreille, on te conseille des séances d’orthophonie« , raconte Clémentine Denebeye une maman d’un autiste.

Un mal très peu connu mais dangereux pour les enfants.

“L’autisme n’est pas une maladie, encore moins une malédiction ou signe de possession et de sorcellerie. Beaucoup d’enfants et de mères d’enfants autistes au Tchad souffrent de cette stigmatisation. Nous savons tous que dans notre société patriarcale, l’échec d’un enfant est attribué à la mauvaise mère qu’il a eu alors que lorsqu’il réussit, on attribue cela au père.” : nous confie Germaine tristement.

L’autisme est un trouble du développement d’origine neurologique qui se manifeste principalement par une altération des interactions sociales et de la communication et par des intérêts restreints et répétitifs. Ces troubles peuvent provoquer un comportement inadapté dans certaines situations sociales.

Plusieurs enfants à travers le monde reçoivent des diagnostics de Troubles du Spectre de l’Autisme, mais au Tchad, la méconnaissance de ses symptômes précoces rende quasi inexistant son diagnostic. En effet, il n’existe aucune politique nationale de prise en charge de ce type de troubles et le pays ne dispose d’aucun spécialiste pour l’accompagnement de ces enfants. Ce qui devrait peut être interpeller les nouvelles autorités dans le cadre des différentes filières de formation.

Malgré la richesse du pays en matières premières et l’aide des partenaires au développement, beaucoup reste à faire pour combler un déficit criard d’infrastructures et d’expertise pour améliorer le secteur médical au Tchad.

Par Kenzo Brown 

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