Tchad : Les diplômes enterrés, des enseignants expriment leur désespoir

 

Un cortège inhabituel a traversé les rues de Ndjamena ce vendredi 26juillet 2024. Partis de l’Ecole normale supérieure d’Ardebdjoumal, des dizaines d’enseignants ont convergé vers le ministère de la Fonction publique de Farcha, non pas avec des cercueils, mais avec leurs diplômes, prêts à les mettre en terre.

Dix ans d’attente, un avenir incertain
Ces enseignants, tous lauréats de l’Ecole normale supérieure de Ndjamena, attendent leur intégration à la Fonction publique depuis dix ans. Dix années d’espoir déçu, de promesses non tenues et de galère quotidienne. Aujourd’hui, la coupe est pleine.
<<Nous sommes fatigués des paroles, nous voulons des actes>>, lance Abdel, la trentaine, le visage marqué par l’amertume. <<J’ai consacré des années à mes études pour devenir enseignant. Aujourd’hui, je me retrouve au chômage, incapable de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. C’est une honte ! >>

Intégration ou rien !
Tout au long du parcours, les slogans ont fusé, traduisant la colère et la détresse de ces enseignants abandonnés par l’Etat. << décide d’enterrer mon diplôme, nous sommes fatigués des fausses promesses.Trop c’est trop, intégration ou rien !>> pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants.

Un gouvernement pointé du doigt
Pour le collectif des lauréats, le gouvernement est le principal responsable de la situation.<<l’Etat fabrique des chômeurs alors que le système éducatif tchadien a besoin de nous>> dénonce Mbaihoremes Jéchonias, président du collectif. <<Le taux de réussite au bac cette année est de 41%. Ce n’est pas un hasard. Une baisse totale. C’est la conséquence du manque d’enseignants qualifiés dans nos écoles>>

Un geste fort pour une réponse forte ?
En « enterrant leurs diplômes », ces enseignants ont voulu lancer un cri d’alarme au gouvernement tchadien. Un geste fort pour dénoncer une situation inacceptable et réclamer enfin la place qui leur revient de droit : celle d’éducateurs des générations futures.

Par Akimas GAKNONÉ GABDOULBÉ

Commentaires Facebook