Cameroun : Plus de 6 000 enseignants et médecins abandonnent leur poste pour le Canada en trois mois

 

Le récent chiffre officiel relatif à la ruée vers ce pays d’Amérique du Nord, traduit le mal-être du personnel de l’éducation et de la santé.

Au Cameroun, la fuite des cerveaux lancés dans la quête des opportunités fait perdre à l’État les professionnels sortis des écoles de médecine et de l’enseignement. Un réel manque à gagner lorsqu’on évalue le déficit au sens du nombre de ces travailleurs dans les hôpitaux et les établissements scolaires. ‘’Le rêve canadien ‘’ séduit ces demandeurs d’asile résolus de partir du pays natal dans l’espoir des meilleures conditions de travail. A qui la faute ? « L’offre au niveau de l’encadrement ne garantit pas la situation pécuniaire des médecins, infirmiers et enseignants, considérés comme le parent pauvre du gouvernement camerounais. L’absence d’un programme politique capable de fixer le statut spécial dans le secteur de la santé et de l’éducation oblige ces personnes marginalisées à suivre malgré elles le chemin de l’exil ». Ngatué Anicet, chercheur en sciences politiques à l’université de Yaoundé II, décrypte ce cas précis.
La facilité dans l’obtention du visa pour le Canada fait écho ; les agences d’immigration pour ce pays se multiplient à travers les villes. Face à ce phénomène galopant, l’État tente de dissuader les citoyens mais n’y parvient pas. Le 10 février 2024, au cours de son traditionnel discours à la jeunesse, prononcé à l’occasion du 11 février fête de la jeunesse, Paul Biya, le Chef de l’État a reconnu l’ampleur de la situation. «  Certes notre pays comme bien d’autres dans le monde connaît une conjoncture difficile. Cependant, la solution n’est pas toujours de s’en aller. Partir, oui, mais pas à n’importe quel prix. De plus, sachez que pendant que vous aspirez à partir, de nombreux étrangers essayent de s’installer au Cameroun ».
Dans les représentations diplomatiques du Canada au Cameroun, la file de demandeurs de visa évolue de jour en jour. Dans la mêlée, les étudiants et les citoyens formés mais sans emploi, postulent pour Montréal. Les familles contribuent à faire partir les leurs.

Par William Omer Tchuisseu

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