Afrique: Kémi Séba : « Mes expulsions reflètent toutes les tares de la Françafrique »

 

Toujours aussi combatif, le militant franco-béninois pour la suppression du franc CFA et président de l’ONG Urgences Panafricanistes, continue de défrayer la chronique avec ses expulsions très médiatisées.

La dernière en date, le 24 février 2020, est intervenue alors qu’il se rendait à Dakar pour assister à son procès en appel.

En rappel, il avait brûlé un billet de 5000 FCFA sur une place publique en 2017, ce qui lui avait valu sa première expulsion déjà dénoncée, à l’époque, par des organisations des droits de l’Homme telles que la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Radho), la Ligue sénégalaise des droits humains et Amnesty International Sénégal.

Cette fois, à peine le portique de l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar franchi, il a été interpellé, gardé à vue « 30 heures sans manger » dans la zone de transit, avant d’être réexpédié vers la Belgique.

Bien que son avocat, Me Khoureyssi Ba, lui ait obtenu une dérogation de la cour pour assister à son procès, les autorités sénégalaises n’ont rien voulu entendre, révèle-t-il. Un « déni de justice » patent qui n’a fait qu’accentuer sa conviction qu’à travers ses expulsions, c’est sa dénonciation de l’ensemble des tares du système de la Françafrique qu’on lui reproche. Et notamment, « la mal-gouvernance, la corruption et le néocolonialisme » qui sont responsables, selon lui, du délitement des États africains.

« Pendant de nombreuses années, la question de la Françafrique est restée cantonnée à l’élite, mais grâce à la mobilisation de la jeunesse africaine que j’ai réussi à faire descendre dans la rue, un tabou a sauté en Afrique. Si on me persécute, si on m’expulse, c’est bien parce que je dérange l’élite qui profite de ce système et que je refuse d’être corrompu, à l’instar de tous les autres », a clamé l’activiste franco-béninois.

Le jugement en appel de Kémi Séba a été reporté au 27 avril après cet incident. « Évidemment que ça arrange beaucoup de gens que je sois jugé par contumace !», a-t-il commenté. Tout en étant conscient que sa condamnation du franc CFA n’est qu’un prétexte. « Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont sciemment piraté le projet de monnaie commune en Afrique de l’Ouest qui existait depuis les années 1980 », accuse-t-il.

Sur les débats actuels concernant l’avènement de l’ECO, la future monnaie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui devait voir le jour en 2020, mais a finalement été reporté sine die, il estime que « le Nigeria, la principale puissance économique de la zone, est dans son rôle ».

« Le Nigeria n’a pas d’agenda caché (vis-à-vis de l’ECO). Je m’y rends souvent et suis toujours très bien accueilli. Je peux vous garantir que ses dirigeants, comme beaucoup d’autres en Afrique, en ont marre de l’arrogance de l’oligarchie française et du suivisme de nos Présidents dans la zone franc », martèle-t-il.

Par  Chérif Keita.

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