France: Les découvertes du lithothamne qui auraient pu intéresser Sorbonne Plage

L’emploi du lithothamne pour le traitement des sols est relativement peu connu. Celui-ci a trouvé un autre débouché aujourd’hui : il est couramment utilisé pour la fabrication de cosmétique, pour son action sur la reminéralisation des ligaments et des os, également pour soulager, grâce à son PH 8 l’acidité gastrique, les brûlures d’estomac, les ulcères…

L’écho des vagues indisciplinées de l’océan rend-il la prospective scientifique plus performante que les vénérables enceintes universitaires ? Près d’un siècle avant l’inauguration de la Sorbonne des sables à Abu Dhabi, l’esprit de « Sorbonne Plage » est né dans le sillage de pionniers et de découvreurs réunis dans une base-arrière costarmoricaine : Marie Curie, Jean Perrin, Frédéric et Irène Joliot-Curie. Un monde à part, où transpiraient les cerveaux au même rythme que les embruns et l’air de la mer décloisonnaient les savoirs.
Scientifiques, libres-penseurs, artistes et intellectuels ont façonné Sorbonne-Plage, sur plusieurs générations, depuis le poète précurseur Anatole Le Braz, à l’origine de Sorbonne-Plage. Il nourrissait des échanges intellectuellement riches avec Louis Lapicque, physiologiste et Charles Seignobos, historien. Ils sont les premiers à avoir fait construire une maison de vacances dans les environs. Les autres ont suivi dont le père de Liliane Bettencourt, le chimiste Eugène Schueller, fondateur du groupe L’Oréal.
Ce mouvement aurait pu certainement continuer son élan en Bretagne pour s’intéresser à une discipline encore émergente : la nutrition. Avec le temps, son étude fut englobée dans une problématique alimentaire globale et mondiale, notamment lors de l’importante conférence de Hot Springs organisée à l’initiative de Roosevelt, identifiant cette question comme cruciale pour le bien-être de l’humanité et une condition de la paix dans le monde.

Chercheuse reconnue et experte très sollicitée, Lucie Gabrielle Randoin avait représenté la France, pour défricher ces travaux encore balbultiants, comme déléguée française, aux Conférences internationale pour la standardisation des vitamines (juin 1931 – juin 1934, Londres, Société des Nations). Elle avait également participé à des congrès scientifiques : à la fois français et étrangers (Boston en 1929, Rome en 1932, Madrid en 1934, Bruxelles en 1935, Constantza en 1936, Bâle, Berne et Lausanne en 1950, Rome en 1955 et de nouveau Lausanne en 1955).

Des relations épistolaires avec Théophile Lognoné (1875-1974), bijoutier horloger dans la baie du Mont-Saint-Michel, furent capitales pour développer les industries Probiomer, en s’appuyant sur des échanges inspirants avec des chercheurs et talents de la Sorbonne, dont Lucie Randoin, première femme biologiste à l’Académie de médecine. Durant sa carrière, elle fut préparatrice au Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne avant de devenir la première femme à enseigner à la Faculté de médecine de Paris.

Dans les années 30, l’orfèvre avait commencé à observer les propriétés du calcium organique vivant. Ce minéral, présent dans des coquillages marins, permet de fertiliser des sols et d’améliorer la recherche en nutrition-santé. Pendant la crise de 1936, sa découverte reçut la prime d’honneur du ministère de l’agriculture. La reconversion de micro-techniques d’horlogerie (réparation de montre-bracelet) ont effectivement permis d’inventer un complément alimentaire naturel, capable de renforcer le calcium de coquilles d’œufs et d’approfondir de nouvelles recherches pour demain.

On comprend bien l’intérêt du calcium issu de coquillages par rapport à la chaux de carrière pour la fumure des sols, la consolidation des coquilles d’œuf et l’apport en calcium dans le lait des vaches. Mais l’emploi du lithothamne pour le traitement des sols développé par les industries Probiomer est relativement peu connu. Pourtant, de nombreux débouchés sont aujourd’hui identifiés autour de cette petite algue rouge qui a la capacité de cristalliser les minéraux et les oligo-éléments contenus dans la mer.

Il est heureux que la quatrième génération de descendants de Théophile Lognoné, fondateur des industries Probiomer ait joué un rôle actif dans le développement de la junior entreprise de la Sorbonne pour continuer à connecter les esprits et créer le futur.

Ambitieux défi lancé par une poignée d’étudiants en gestion et en droit animée par l’énergie d’entreprendre, Sorbonne Junior Conseil s’est construit une destinée singulière en prenant corps dans un temple de l’esprit chargé de plus huit siècles d’histoire.

Non sans mérite : lorsqu’un étudiant assis dans le grand amphi lève son regard songeur sur la magnifique composition peinte par Puvis de Chavannes en 1889 : dans cette allégorie des savoirs et des vertus, c’est en vain qu’il retrouvera celle qui illustre l’entrepreneur.

Au carrefour des sciences et des innovations circulaires, un concert riche en intensité créative attend donc la prochaine génération de Sorbonne-Plage pour développer de nouvelles ingénieries de projets visionnaires.

Par Kevin LOGNONÉ

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