France: Lumières réfléchies des arts verriers et du Carillon de Vitré

De nouvelles Lumières dans le pays de Vitré se préparent au message universel de l’Exposition des Objectifs du développement durable prévue dans la baie d’Osaka en 2025. Pendant 40 ans environ, un couple de bijoutiers faisaient briller l’orfèvrerie créative dans ce pays des Marches de Bretagne, devenu un carrefour de marchands d’art en devenir. En rêvant de diamants alternatifs sans extraction forestière, un fil d’or pourrait en faire une petite Manchester de l’Occident prête à entrer en dialogue avec son homologue dans le Kansai japonais. De la Grande Exposition de Londres 1851 à celle d’Osaka : quel miroir industriel et territorial pour le pays de Vitré et des échanges créatifs réinventés depuis la Confrérie des marchands d’Outre-Mer ?

L’histoire et l’évolution des Expositions universelles méritent qu’on s’attache aux sources profondes. En sa qualité de président de la Society of Arts, le prince Albert a créé un comité pour organiser des expositions dans le but d’améliorer le design industriel britannique. Une exposition à Birmingham en 1849 a été suivie de la première exposition véritablement internationale, la Grande exposition des produits de l’industrie de toutes les nations, qui s’est tenue au «Crystal Palace» de Joseph Paxton à Hyde Park, Londres, à l’été 1851.

La moitié de l’espace d’exposition était consacrée à la fabrication britannique, et l’autre moitié était offerte aux pays étrangers pour montrer leurs réalisations et leurs spécialités. Six millions de personnes ont visité l’exposition pour voir plus de 100 000 expositions du monde entier, réparties globalement en matières premières, machines, produits manufacturés et beaux-arts.

La reine Victoria elle-même s’y est rendue pas moins de trente-quatre fois. Les bénéfices substantiels ont été utilisés pour établir le South Kensington Museum, rebaptisé Victoria and Albert Museum en 1899. La reine a écrit à son oncle Léopold, roi des Belges, que l’inauguration de la Grande Exposition était le « plus grand jour de notre histoire ».

Le long de la rivière Cam qui coule vers Cambridgeshire, l’horloge Corpus Clock de la vénérable cité universitaire est alimentée par les jambes d’un échappement sauterelle, dispositif longtemps recherché pour résoudre le problème du calcul de la longitude en mer.

L’emblème de l’antaxie voyageuse, une sauterelle venue de très loin, souligne l’impact culturel des voyages à travers diverses régions, état d’esprit historique des familles marchandes de Vitré (Pierre Olivier Malherbe, Pierre Landais…) et mais aussi de voyageurs en quête de pièces de haute joaillerie comme par exemple Jean Chardin, jeune joaillier protestant plein de fougue et d’ambition, parti en Perse en 1665.

Le passé joaillier de Vitré a traversé les époques. Le secret de sa résilience ? Peut-être donner aux habitants le sentiment d’échapper aux incertitudes économiques et renforcer malgré les crises la valeur de l’art de vivre dans le luxe de leur vie.

Le Carillon de Vitre et ses activités d’orfèvrerie créative rue Duguesclin se sont nourris des proximités philosophiques et des traditions créatives des Marches de Bretagne. Son nom est un cheminement au carillon breton dont Rabelais faisait référence dans Pantagruel en 1532.
C’est aussi un chemin d’exploration de savoir-faire artisanaux et de voies d’innovation autour de matériaux comme le verre. Les arts verriers en Asie représentent un pont créatif que le pays de Vitré a revalorisé dans le cadre de Vitré Lumières et de la prochaine Exposition universelle d’Osaka au Japon où de nombreux temples et maisons individuelles sont dotés de carillons de verre.
Le commerce de détail d’articles de joaillerie s’appuyait historiquement sur des activités d’assemblage de bracelets de montre. Par exemple, Les Ateliers de Vitré sont devenus un sous-traitant de référence pour les grands acteurs du luxe français. Riche de son bassin industriel, Vitré a développé des liens avec la « vallée du bijou » ardéchoise, où les ateliers Altesse fondés en 1905 employaient de véritables artisans passionnés. Sans oublier, les îles Anglo-Normandes dont le Musée du Diamant de Guernesey rappelle les échanges transmanche.

Par Kevin LOGNONÉ

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