Monde : L’Albanie annonce la coupure imminente de TikTok : une décision controversée pour protéger la jeunesse

Le gouvernement albanais a confirmé ce jeudi que TikTok sera coupé dans les jours à venir, conformément à l’interdiction annoncée en décembre 2024. Cette décision, justifiée par des préoccupations liées à la sécurité et à l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse, a suscité des réactions contrastées dans le pays.

Une décision motivée par un drame tragique

La mesure intervient après un événement tragique survenu en novembre 2024 : un adolescent de 14 ans a perdu la vie dans une rixe près d’un établissement scolaire à Tirana, un conflit qui aurait pris naissance sur les réseaux sociaux. Ce drame a profondément marqué l’opinion publique et relancé le débat sur l’influence des plateformes numériques sur les jeunes.

Le Premier ministre Edi Rama a justifié l’interdiction en soulignant qu’elle faisait suite à une consultation massive impliquant 65 000 parents et enseignants. « Cette décision est temporaire et vise à protéger nos enfants des dangers des réseaux sociaux », a-t-il déclaré sur X (anciennement Twitter).

Une collaboration avec TikTok pour des solutions

Malgré la fermeté du gouvernement, des discussions sont en cours avec TikTok pour trouver des solutions alternatives. « Nous avons entamé un dialogue positif avec TikTok, et leurs représentants viendront bientôt en Albanie pour proposer des mesures visant à renforcer la sécurité des enfants », a ajouté Edi Rama.

Parmi les pistes envisagées figurent le renforcement du contrôle des contenus en langue albanaise, une meilleure protection des mineurs face aux contenus dangereux, et des restrictions adaptées aux spécificités locales.

Une opposition qui dénonce une manœuvre politique

L’annonce de l’interdiction a immédiatement été critiquée par l’opposition albanaise, qui y voit une tentative de censure à l’approche des élections législatives de mai 2025. Sali Berisha, leader de l’opposition, a accusé Edi Rama d’exploiter la situation pour museler les voix dissidentes.

« Avec cet acte de censure qui touche plus d’un million d’utilisateurs en Albanie, Edi Rama place le pays au même niveau que l’Afghanistan et l’Iran », a déclaré Berisha lors d’une conférence de presse à Tirana.

Une tendance mondiale de régulation des réseaux sociaux

L’Albanie n’est pas le premier pays à s’attaquer à TikTok. Plusieurs nations ont exprimé leurs inquiétudes concernant l’impact de l’application sur la sécurité des jeunes et la gestion des données personnelles.

– **Inde** : TikTok est interdit depuis 2020 pour des raisons de sécurité nationale.
– **États-Unis** : Plusieurs États ont tenté d’imposer des restrictions à l’application.
– **Union Européenne** : Une surveillance renforcée et une mise en conformité stricte sont exigées.

Une mesure temporaire aux enjeux multiples

Si l’interdiction de TikTok en Albanie est présentée comme temporaire, elle soulève des questions plus larges sur l’équilibre entre protection des jeunes, liberté d’expression et régulation des réseaux sociaux. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si cette décision aboutira à des solutions durables ou si elle restera un sujet de controverse politique.

Par Jérôme Wailifu