Rwanda : Paul Kagame invite la RDC à négocier avec le M23 malgré les accusations de soutien au groupe rebelle

Lors d’une conférence de presse tenue à Kigali, le président rwandais Paul Kagame a réitéré sa position sur la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Il a invité les autorités congolaises à engager des pourparlers avec les rebelles du M23 pour résoudre le conflit, tout en niant fermement toute implication du Rwanda dans les violences qui ravagent cette région.

Kagame a qualifié la rébellion du M23 de « problème purement congolais », insistant sur la responsabilité des dirigeants de la RDC à résoudre ce conflit. « Les autorités congolaises doivent s’attaquer aux causes profondes et négocier une solution définitive », a-t-il déclaré.

Des accusations persistantes

Cette déclaration intervient alors qu’un rapport récent des Nations Unies, publié le 9 janvier 2025, accuse le Rwanda de soutenir le M23. Le document révèle que 3 000 à 4 000 soldats rwandais auraient été déployés dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi. De plus, en octobre 2024, les Forces de défense rwandaises (RDF) auraient appuyé l’avancée du M23 dans le territoire de Walikale, utilisant des armes sophistiquées qui ne figurent pas dans l’arsenal militaire des forces congolaises.

Cependant, Kagame réfute ces allégations. Selon lui, l’origine de la crise remonte à l’Ouganda voisin, où se trouvait le groupe armé avant le déclenchement des hostilités. « Pourquoi ce problème devient-il celui du Rwanda ? Franchement, combien de fois faudra-t-il répéter cela ? », a-t-il lancé.

La situation sur le terrain

Pendant ce temps, des combats intenses se poursuivent dans la province du Nord-Kivu, notamment dans le territoire de Masisi, désormais sous contrôle du M23 soutenu par des troupes rwandaises selon des sources locales. Les forces armées congolaises tentent de reprendre le contrôle de cette région stratégique.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les affrontements récents, entre le 1er et le 3 janvier 2025, ont entraîné le déplacement d’environ 102 000 personnes. Les populations fuient les violences, aggravant une crise humanitaire déjà alarmante.

Un appel à la paix

Face à ces accusations et à l’escalade du conflit, l’appel de Paul Kagame à négocier avec le M23 pourrait être perçu comme une tentative de repositionner le Rwanda dans ce dossier épineux. Cependant, les allégations onusiennes continuent de peser lourdement sur son image, alimentant les tensions entre Kigali et Kinshasa.

Reste à savoir si les autorités congolaises répondront à cet appel ou si elles maintiendront leur position de fermeté face à une rébellion qu’elles accusent d’être un outil de déstabilisation rwandais.

Par Rodrigue Izumo