Tchad : Gami Richy n’est plus : le 7ᵉ art tchadien en deuil
Le cinéma tchadien est en deuil. Gami Richy, de son vrai nom Gami Astoïgué Richard, s’est éteint ce lundi 14 juillet 2025 à N’Djamena, des suites d’une maladie contractée peu après son retour du Burkina Faso. Il n’avait que 34 ans.
Un regard sensible, une passion affirmée
Né le 3 avril 1991 à Chagoua, dans le 7ᵉ arrondissement de N’Djamena, Gami Richy était plus qu’un réalisateur : c’était un artiste complet. Fils de Astoïgué Jean Deh et de Djirang Louise, il était titulaire d’un master en philosophie. Mais c’est dans le domaine du 7ᵉ art qu’il a trouvé sa véritable voie.
Tour à tour acteur, cameraman, monteur, puis réalisateur, il a su imposer sa signature visuelle à travers des œuvres sincères, humaines, empreintes de réalisme social. Sa démarche artistique s’inscrivait dans une volonté de valoriser les talents locaux et d’offrir une vitrine digne au cinéma tchadien.
Une œuvre marquante : la série “Anaïs”
Sa carrière prend un tournant décisif avec la série à succès “Anaïs”, réalisée en collaboration avec l’actrice et scénariste Brigitte Tchanegué. Ensemble, ils ont su captiver le public avec une histoire ancrée dans la réalité tchadienne, abordant des thèmes tels que la condition féminine, la jeunesse, ou encore les rapports familiaux dans un contexte urbain en mutation.
“Anaïs” a connu un succès retentissant, dépassant les frontières nationales et obtenant des retours positifs dans plusieurs festivals et plateformes régionales.
Une figure panafricaine en devenir
Curieux et passionné, Gami Richy a multiplié les séjours professionnels en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Cameroun, et surtout au Burkina Faso. Il a collaboré avec des cinéastes africains de renom, dont le réalisateur camerounais Ebenezer alias Mitoumba.
Sa dernière grande apparition publique remonte à sa participation au FESPACO 2025, où il représentait le Tchad en tant que réalisateur officiel. Ce festival panafricain, considéré comme l’un des plus prestigieux du continent, avait salué la montée en puissance du cinéma tchadien, incarnée notamment par Gami Richy.
Une onde d’émotion dans le monde culturel
Depuis l’annonce de sa disparition, une vague d’émotion secoue le monde culturel tchadien. Acteurs, réalisateurs, techniciens et spectateurs saluent unanimement un professionnel passionné, humble et dévoué à sa mission artistique.
Un vide immense
Gami Richy laisse derrière lui une œuvre inachevée et une génération inspirée. À l’heure où le cinéma tchadien tente de se faire une place dans le paysage culturel africain, sa perte constitue un coup dur. Son style, entre esthétisme rigoureux et engagement social, aurait sans doute encore beaucoup apporté aux générations futures.
Ses obsèques auront lieu dans les jours à venir, selon un membre de la famille. Il est pleuré par ses proches, ses amis, ses collègues et l’ensemble du monde artistique tchadien.
Le journal L’Œil du Sahara adresse ses sincères condoléances à la famille éplorée, à la communauté artistique nationale et aux passionnés de cinéma qui voient partir l’un de leurs plus brillants représentants.
Par Kenzo Brown