Tchad : N’Djamena sous les eaux, le 7ème arrondissement se noie dans l’indifférence

 

Une odeur âcre de boue et d’eaux usées flotte dans l’air. Le soleil, timidement revenu en ce 16 août après des jours de déluge, éclaire un spectacle de désolation. Le 7ème arrondissement de N’Djamena, habituellement si vivant, offre aujourd’hui le visage d’une ville fantôme, prisonnière de boue et d’eau stagnante.Les avenues sont vides et méconnaissables. Des maisons, fragiles semblent sur le point de sombrer, tandis que les habitants, hagards, tentent de sauver le peu qu’il leur reste.

« Regardez, tout est parti » s’écrie Fatimé, le visage marqué par la fatigue, en désignant les maigres possessions entassées sur un lit surélevé. « Chaque année c’est la même chose, les promesses, les promesses… mais rien ne change « . L’amertume de Fatimé est partagée par nombre de ses voisins. L’inaction apparente des autorités face à ce fléau récurrent nourrit un profond sentiment d’abandon et de colère.
« On nous avait promis des solutions durables, un meilleur système de drainage. On attend toujours « , s’indigne Koudji, un jeune homme qui tente, tant bien que mal, de déblayer l’entrée de sa boutique ensevelie sous la boue.

Au milieu de ce chaos, quelques silhouettes courageuses tentent de tirer leur épingle du jeu. Des jeunes hommes, armés de planches et de bidons vides, improvisent des ponts de fortune pour aider les habitants à traverser les rues inondées, espérant quelques pièces en retour. « On n’a pas le choix, il faut bien survivre », murmure l’un d’eux, le regard fuyant. Un choix risqué, mais qui souligne l’incroyable capacité de résilience de la population face à l’adversité.
Mais derrière ces scènes de débrouille et de solidarité se cache une réalité plus sombre. L’eau stagnante, véritable cause des maladies, fait planer la menace d’une crise sanitaire. Le choléra, la malaria et la typhoïde, ennemis invisibles mais redoutables, qui guettent les habitants déjà fragilisés par le manque d’eau potable et de nourriture. »On a peur pour nos enfants, pour nos familles », confie Madjita, jeune maman, serrant son bébé contre elle. « On se sent abandonnés, livrés à nous-mêmes ».
Alors que les nuages noirs s’amoncellent à nouveau dans le ciel, annonciateurs de nouvelles précipitations, l’urgence de la situation est criante. L’aide tarde à arriver et les habitants du 7ème arrondissement, épuisés et désespérés, s’interrogent : jusqu’à quand devront-ils payer le prix de l’indifférence ?  » On était déjà rassuré, la fois passée quand le président avant survolé la ville pour constater les dégâts par lui-même. Mais hélas  », ainsi formule Sanda avec des plis sur le visage.
Une chose est certaine : au-delà de la reconstruction matérielle, c’est un véritable plan d’urgence, qui s’attaque aux racines du problème et offre des solutions durables, que réclame la population meurtrie du 7ème arrondissement de N’Djamena.

Par Akimas GAKNONÉ GABDOULBÉ

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