Gabon : Guy Nzouba Ndama, le président du parti Les Démocrates,  arrêté avec près de 1,2 milliards de francs FCFA en espèces en provenance du Congo

L’ancien président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui opposant, a été interpellé ce samedi 17 septembre à la frontière en provenance du Congo Brazzaville, à destination du Gabon. A l’arrière du véhicule dans lequel il avait pris place, trois grosses valises bourrées de cash estimés à 1 milliard 190 millions FCFA. Il a, dans la foulée, été placé en garde à vue. Ce que l’on sait des premiers éléments.

Ce samedi 18 septembre, en milieu d’après-midi, au niveau du poste frontière de Kabala, entre le Gabon et le Congo-Brazzaville, Guy Nzouba-Ndama, celui qui fut durant 19 ans président de l’Assemblée nationale de janvier 1997 à mars 2016, avant de créer son propre parti, Les Démocrates, et de rallier l’opposition, a été arrêté par les forces de sécurité (douaniers et militaires) en possession de trois grosses valises remplies de billets de banque, négligemment disposées à l’arrière de son pick-up, dont le montant total s’élève à 1 milliard 190 millions de francs CFA.

Le président du parti Les Démocrates s’est d’abord opposé à la fouille de ses bagages au motif qu’il s’agissait de ceux de son épouse et qu’il n’en possédait pas la clé. Un subterfuge pour empêcher les agents de procéder à la fouille des valises.

Les militaires et douaniers n’ont alors eu d’autre choix que de casser les cadenas des valises dans lesquelles ils ont découvert plusieurs liasses de billets de 10 millions de FCFA portant encore les attaches de la Banque centrale des états de l’Afrique centrale.

Une scène surréaliste filmée notamment par les personnes accompagnant M. Guy Nzouba-Ndama. Sur la vidéo, devenue très vite virale sur les réseaux sociaux, on voit les douaniers ouvrir chacune des trois valises devant témoins, parmi lesquels Guy Nzouba-Ndama lui-même, le visage blême avec, sur le côté droit du front, un pansement posé suite à un accident de la circulation intervenu il y a une semaine. « Nous avons ainsi une preuve irréfragable, incontestable de la constitution de l’infraction », indique une source.

Aussitôt, Guy Nzouba-Ndama a été placé en garde à vue et transféré au commissariat de Franceville. Pris en flagrant délit, il n’a pu que reconnaître les faits car incapable de justifier la provenance des fonds dissimulés dans ses valises. Quoiqu’ayant dans un premier temps tenté de faire croire qu’il s’agissait de fonds économisés au cours de son très long règne à la tête de la chambre basse du Parlement.

Cependant, Guy Nzouba-Ndama aurait reconnu que cette manne provient du Congo-Brazzaville où il a séjourné quelques heures plus tôt ce samedi le temps d’aller les récupérer.

D’autant que des membres de la famille et de l’entourage immédiat de Guy Nzouba Ndama affirment que cet argent serait, en fait, un don du président congolais Dénis Sassou Nguesso.

D’après certaines sources proches de l’enquête, ces fonds remis au Congo-Brazzaville au président du parti Les Démocrates « pourraient avoir pour objet le financement de sa pré-campagne électorale ». Guy Nzouba Ndama envisageait en effet de se présenter à l’élection présidentielle prévue en août 2023 au Gabon.

Si c’est le cas, il s’agirait purement et simplement d’une ingérence de la part du Congo-Brazzaville dans les affaires intérieures du Gabon. Encore fois. Quand on sait que durant la de la présidentielle de 2016 déjà, Jean Ping avait bénéficié du soutien de personnalités congolaises pour financer sa campagne. L’on rapporte qu’Alexandre Barro Chambrier serait régulièrement soupçonné de se tourner vers Brazzaville pour y chercher du soutien financier.

Si cet argent était licite, pourquoi n’a-t-il pas effectué un virement international ? Tout simplement parce que n’importe quelle banque qui se respecte, aurait exigé des justificatifs. Il y a donc anguille sous roche.

Désormais, les chances de Guy Nzouba-Ndama de participer à la prochaine élection présidentielle prévue en 2023 au Gabon s’amenuisent irrémédiablement. Cette affaire de transport non déclaré de fonds pourrait même sceller sa carrière politique. Pris en flagrant délit, au regard de la réglementation CEMAC sur la circulation des devises entre pays par un individu, l’ancien président de l’Assemblée nationale, âgé aujourd’hui de 76 ans, devrait être inculpé (l’importation de devises dont la provenance n’est pas justifiée est illégale). Pire, il pourrait tomber sous le coup de la nouvelle loi sur le financement des partis politiques et associations qui interdisent toute intrusion de la part de puissances étrangères. Le cas échéant, l’inculpation de Guy Nzouba-Ndama, somme toute probable compte tenu des éléments à disposition des enquêteurs, pourrait sans aucun conduire un mandat de dépôt et un placement en détention provisoire.

Dans un communiqué publié il y a quelques heures, son parti a appelé au calme. « Nous demandons à tous les militantes et militants Démocrates de garder le calme, de rester sereins et d’attendre la réaction officielle de la direction du parti relative à ces informations qui circulent sur notre président », indique ce communiqué signé du Dr Paulin Obiang Ndong, par ailleurs secrétaire général des Démocrates.

Malheureusement, il semble que la messe est dite pour le président de Les Démocrates. Ce qui pourrait bien faire les affaires de Dr Seraphin Akure-Davin que d’aucuns annoncent avec insistance de retour au PDG, mais qui regardait depuis avec insistance le fauteuil de président du parti de Guy Nzouba Ndama.

Par Jérôme Wailifu 

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