France: Comment fonctionnait le “Sentier Choletais”, petit frère effiloché du Sentier Parisien jusqu’en 1971 ?
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En 1971, la bonneterie Jeanneau ferma ses portes. Le nouveau monde, déjà en route, ne pouvait laisser place à l’entreprise familiale qui avait cependant bien rempli son rôle de petit maillon de la « Manchester de l’Anjou des courtiers en fil et en tissu ».
« Tristis anima est », mais la sagesse de ne pas s’endetter et de ne pas faire faillite l’emporta.
Les connaissances en bonneterie de Michel Jeanneau, petit-fils d’Auguste Marie Jeanneau qui avait fondé avec son père l’entreprise familiale lui permirent de continuer dans la branche textile. Alors que la société Barbe Bleue-Mulliez recherchait un cadre pour son service achat, le PDG Jean-Charles Cocard lui proposa d’intégrer l’entreprise et de devenir adjoint au directeur des achats. Il accepta cette mission. Il entra à la société Barbe Bleue le 1er février 1971 et y resta jusqu’à sa retraite le 30 juin 1999. D’autres activités l’attendaient alors pour une autre vie plus orientée vers l’aide à des associations choletaises, en particulier l’Association des amis du musée du Textile choletais qui l’accueillit au sein de son conseil d’administration.
La bonneterie Jeanneau et Cie comportait également un magasin de détail tenu par la sœur d’Augustin et Pierre, Marie-Thérèse Lacassagne. La laine, bien connue ici de toutes les dames tricoteuses, était vendue en pelote ou en écheveau sous les marques « Sofil » et, plus haut de gamme, « Georges Picaud ». Par la suite quelques vêtements (pulls, gilets) furent proposés à la clientèle. Le magasin était situé au 43 de la rue des Vieux Greniers avec façade en pierre ancienne (conservée à ce jour). Dans les années 1960, l’intérieur fut rénové par l’architecte choletais Robert Lapied. Là aussi, les évolutions du commerce de détail par rapport à la grande surface, et les tricots faits par les mères de famille et les grands-mères eurent raison de sa survie.
En 1972, le magasin de vente au détail de laine et de bonneterie ferma ses portes.
Alors… Augustin et Pierre Jeanneau, industriels ?
Bien sûr, puisqu’ils ont apporté leur pierre au développement de la vie économique de leur terroir, ont œuvré à donner du travail dans des communes rurales et ont ainsi participé à la vie sociale.
Mais aussi, hommes de lettres!
Augustin, malgré le renoncement au professorat de lettres, demeura passionné de littérature et de poésie. Il reçut la médaille de chevalier des Arts et des Lettres. Il écrivit des livres, à sa manière, sur Cholet: Cholet et les Choletais après la Belle époque, Au temps des années folles, en collaboration avec Adolphe Durand, Le parler populaire en Anjou et Cholet, à travers les rues. Passionné aussi de musique, il fut pendant de longues années critique musical dans les colonnes du Courriel de l’Ouest.
Pierre Jeanneau, durant sa convalescence, fut un grand lecteur de littérature et de théâtre. Il fut metteur en scène du théâtre des anciens élèves de l’Institution Sainte-Marie. Sa connaissance littéraire lui valut d’être président, pendant quelques années de la SLA, Société des Lettres et Arts, de Cholet et d’être l’auteur de Cœurs blessés, récits de l’histoire des guerres de Vendée, et d’un travail sur le peintre Maurice Denis, dont une fresque se trouve à la chapelle du Carmel de Cholet.
Personnes discrètes, à la plume facile, maniant l’humour avec aisance, Augustin et Pierre Jeanneau auront marqué à leur manière la vie choletaise du siècle précédent.
Par Kevin LOGNONÉ