Cameroun : 1312 candidats suspendus du recrutement militaire pour faux diplômes
La décision relative à la mise à l’écart des compétiteurs pour le service sous le drapeau, a été signée le 11 juin 2024 par Joseph Beti Assomo, Ministre Délégué à la Présidence de la République Chargé de la Défense.
La lutte contre la fraude dans le parcours d’intégration des rangs de l’armée s’intensifie. « Dans le cadre du processus de recrutement des jeunes Gendarmes et soldats en cours dans les Forces de Défense camerounaise pour le compte de l’exercice 2024, les contrôles appropriés d’authentification des diplômes des candidats retenus pour la visite médicale approfondie, préalables substantiels à la publication des résultats finaux d’admission, ont permis de détecter de nombreux faux titres », rapporte le communiqué de la hiérarchie des armées. Après les détails sur le nombre de documents recalés, il précise que « Soit au total 1312 faux diplômes, chiffre en légère hausse par rapport aux résultats d’une opération similaire qui avait permis en 2022 d’écarter 929 individus des rangs à l’entrée définitive dans les Forces de Défense camerounaise ».
Cette mesure rigoureuse du membre du gouvernement fait réagir la classe politique et les intellectuels. Pour Martial Djoko, juriste et universitaire, « Il faut saluer la démarche du Ministre de la Défense qui a frappé du poing sur la table pour éviter la pénétration des faussaires dans les rangs de notre armée ». Toutefois, l’enseignant de droit nuance son propos. « Ce chiffre qui est allé crescendo, est révélateur de deux choses : la première est que la peur de la sanction n’a pas été efficace. Si nous sommes passés de 929 cas de déviance en 2022 à 1312 en 2024, cela veut dire que les faussaires qu’on a bloqués autrefois sont revenus plus nombreux en drainant avec eux d’autres hors-la-loi. La deuxième chose que nous regrettons est cet amoindrissement de la loi. Les fraudeurs auraient dû être traduits en justice pour répondre de leurs actes devant les tribunaux ». De son côté, Raphaël Endougou, homme politique et syndicaliste, propose aux autorités de « revoir la limite d’âge dans le recrutement au sein des armées en la fixant à 30 ans par exemple ». Jean Claude Youth, militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti au pouvoir, soutient qu’ « il est un impératif pour l’État de regorger les jeunes soldats dans son armée pour plusieurs raisons ».
Par William Omer Tchuisseu