Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo lance « Trop, c’est trop » à six mois de la présidentielle

À six mois de la présidentielle ivoirienne, Laurent Gbagbo, ancien chef de l’État, refait surface avec un nouveau projet : la création d’un mouvement citoyen baptisé « Trop, c’est trop », destiné à canaliser les frustrations sociales croissantes du pays.

Réuni le 26 avril au siège de son parti, le PPA-CI, à Abidjan, le Comité central a approuvé cette initiative, confiée à Sébastien Danon Djédjé. Si Gbagbo affirme que ce mouvement est apolitique, il apparaît clairement comme un instrument stratégique à l’approche d’un scrutin tendu.

Une réponse aux colères sociales

« Si on te casse ta maison, on te prend ton terrain, ton enfant est diplômé mais n’a pas de travail… Trop, c’est trop », a lancé l’ancien président sous les applaudissements de ses militants. Selon lui, le mouvement permettra à tous ceux qui se sentent lésés par les politiques actuelles de faire entendre leur voix, hors du cadre partisan.

Soutien au PDCI et critique du pouvoir

Laurent Gbagbo a également exprimé sa solidarité envers le PDCI-RDA, dont le candidat Tidjane Thiam est écarté des listes électorales. « Nous ne laisserons pas le PDCI mourir », a-t-il affirmé, tout en insistant sur l’absence de calcul électoral dans ce soutien.

Un avertissement voilé au pouvoir

Tout en restant en retrait des négociations politiques officielles, Gbagbo a laissé entendre que des discussions étaient en cours. Il a averti : « On prendra les rues un jour, mais ce n’est pas quand ton adversaire t’attend dans la rue que tu vas le trouver. »

Le lancement de « Trop, c’est trop » marque ainsi le retour de Gbagbo sur le terrain social, dans une tentative de fédérer la contestation populaire sans s’exposer directement aux contraintes électorales qui pèsent toujours sur lui depuis sa radiation de 2018.

Reste à savoir si cette initiative saura véritablement mobiliser la population ou si elle ne fera que raviver les clivages politiques à l’approche d’un scrutin déjà sous haute tension.

Par Ousmane Diallo