Europe transmanche: Sur les traces du Griffon : une Youth bank entre Saint-Brieuc et Jersey ?

Le pays Briochin et sa superbe capitale ont été le laboratoire d’une Coopérative Jeunesse de Services dont l’objectif visait à permettre à une douzaine de jeunes âgé(e)s de 16 à 18 ans d’acquérir de
l’expérience de travail au sein d’une entreprise qui leur appartient. Nées au Québec il y a plus de 25 ans, les Coopératives Jeunesse de Services (CJS), connaissent un essai expérimental depuis 2013 en Bretagne. Un bel outil d’entrepreneuriat collectif et coopératif qui peut aussi élargir l’histoire et la
vision d’avenir de Saint-Brieuc dans son rapprochement avec les îles anglo-normandes.

La capitale des côtes d’Armor n’est pas seulement le théâtre de fresquesstreet-art, Saint-Brieuc cultive d’autres références multiculturelles : avec une rue de Jersey et une rue de Guernesey. Le blason briochin représente un aigle déployé, choisi parmi les plus cruels des carnassiers connus à l’époque. Puis, les croisés, ayant découvert la férocité du lion au cours de leurs périples, tinrent à le reproduire sur leurs armoiries en témoignage de leurs aventures. Ce fut donc en incorporant à l’aigle une partie
du lion (l’arrière-train et les membres inférieurs) que le dragon prit sa forme définitive de « Griffon », telle que l’ont conservée les sceaux des prélats briochins de la fin du Moyen-Âge.

Le Griffon, fier de son passé et de ses origines, et porteur d’une vision d’avenir, se tourne désormais vers l’extérieur. Sous le ministère de Richelieu, en 1637, le médecin Théophraste Renaudot réussit à intéresser le cardinal à la fondation du premier modèle d’établissement de prêt sur gages (Mont-de￾Piété).

Encouragée par les sociétés savantes, Saint-Brieuc joue un rôle précurseur dans ce modèle de micro￾crédit venu d’Italie au XVe siècle et symbolisé par un griffon. Cet animal mythologique, doté d’un corps de lion, d’ailes et d’un bec d’aigle, qui gardait les mines d’or d’Apollon dans le désert de Scythie, était déjà l’emblème du premier Monte di Pietà crée en 1462 par le moine Barnabé de Terni.

A Saint-Brieuc, son utilité sociale est rapidement reconnue : apporter un financement rapide pour répondre à un besoin de trésorerie. L’institution prête de l’argent sur gage à des taux plus avantageux que ceux pratiqués chez les usuriers.

Le symbole du griffon continuera d’inspirer l’histoire Briochine mais aussi de grandes aventures de l’autre côté de l’Atlantique, à commencer par le premier bateau des Grands Lacs construit par René Robert Cavelier de La Salle.

Cet animal mythique pourrait-il inspirer l’expérimentation d’une Youth Bank entre Saint-Brieuc et les
îles anglo-normandes ?

Mais qu’est-ce qu’une Youth Bank ? L’idée est née en Irlande dans les années 1990. Cinq organisations
en charge de l’expression citoyenne des jeunes (dont le Youth Council et la National Youth Agency notamment) s’unissent et collectent des fonds, à hauteur d’un million de livres, pour financer des projets portés par les jeunes, avec une vocation citoyenne. Les aides qu’elles peuvent apporter vont
de 250 à 25 000 livres selon l’intérêt et l’ampleur des projets. Les Youth Banks sont gérées essentiellement par des jeunes âgés entre 20 et 25 ans, mais des référents plus âgés peuvent cependant venir en appui.

Officieusement, le dispositif a permis de réconcilier des catholiques et des protestants, en mobilisant
des acteurs Jeunesse. Une contribution citoyenne souvent oubliée dans le processus de paix de 1998
qui a mis fin au conflit nord-irlandais : à travers l’accord du Vendredi saint.

Les jeunes peuvent être une force positive pour le développement lorsqu’ils reçoivent les connaissances et les opportunités dont ils ont besoin pour s’épanouir. On compte aujourd’hui 1,2
milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde, ce qui représente 16 % de la population
mondiale.

Par Kevin LOGNONÉ 

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