Royaume-Uni: Géoparc mondial UNESCO Jersey Saint-Malo, symbole d’une nouvelle « Entente cordiale » sur le climat ?
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Dans son discours du jeudi 21 septembre 2023, Charles III a plaidé pour une nouvelle « Entente cordiale » sur le climat dans l’hémicycle du Sénat devant quelque trois cents parlementaires. Aspiring Jersey Island Geopark est le nom d’un projet ambitieux né dans les îles Anglo-Normandes. Son positionnement riverain des ports de Saint-Malo et Granville dans le golfe normand-breton et bien abrité de la houle dominante par les îles Anglo-Normandes pourrait constituer une référence de coopération transfrontalière en matière de sauvegarde de la biodiversité mais aussi de passerelles de connaissance de son capital intellectuel et scientifique attaché aux valeurs de l’UNESCO.
Ce projet de Géoparc mondial UNESCO entend bel et bien célébrer les liens entre la Terre et les hommes, une trajectoire circulaire entre passé, présent et futur. En cas de succès, cette désignation de l’UNESCO mettra en valeur la culture particulière d’un espace transfrontalier, laboratoire avancé pour permettre aux chevaliers des croisades de transmettre leur patrimoine et qui s’est développée dans de magnifiques paysages terrestres et marins à l’échelle internationale.
Un géoparc représente bien plus que des rochers… Un géoparc mondial raconte toute l’histoire d’une région dès ses débuts. Jersey, qui a été façonné par les marées et le temps, est en train de postuler pour devenir géoparc mondial de l’UNESCO. Il existe d’ores-et-déjà 195 géoparcs mondiaux UNESCO dans 48 pays à travers le monde.
Qu’est-ce qu’un géoparc mondial ?
Un géoparc mondial est une zone située à l’intérieur d’une frontière et qui englobe les valeurs de l’UNESCO. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) cherche à construire la paix grâce à la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des sciences et de la culture. Un géoparc mondial célèbre le patrimoine culturel, abiotique, immatériel et naturel d’une région.
Les Géoparcs mondiaux ont été créés en réponse à la nécessité de conserver l’histoire géologique de la Terre. Depuis leurs débuts, les géoparcs mondiaux ont suivi une approche communautaire « ascendante » visant à conserver et à promouvoir l’importance géologique d’une zone, par le biais de la science et de l’éducation. Ceci est également utilisé comme un atout économique durable grâce au développement d’un tourisme durable.
Pourquoi Jersey devrait-elle être un géoparc mondial en relation avec la côte d’Emeraude et le golfe normand-breton ?
Jersey est un endroit privilégié pour comprendre notre histoire naturelle et humaine. Ce « morceau de France ramassé par l’Angleterre » selon Victor Hugo offre une géologie exceptionnelle, un patrimoine unique, des paysages étonnants et des paysages marins particuliers. Un géoparc peut raconter toute cette histoire. Et si Jersey réussit à obtenir une désignation, cela représentera une déclaration d’engagement à protéger l’espace que nous aimons tous et à promouvoir les paysages terrestres, marins et le patrimoine qui sont importants pour les riverains bretons, normands et anglo-normands.
Jersey est une petite île de 14,5 km de long et 8 km de large, située dans la baie de Saint-Malo au sud de la Manche. L’Aspiring Geopark comprend les récifs au large de Jersey et les eaux territoriales jusqu’à la limite de 12 milles.
L’un des Ambassadeurs du projet, Ralph Nichols Géologue, Secrétaire des Sections Géologie et Jèrriais de la Société Jersiaise confiait : « Ma géologie préférée est l’agglomérat d’Anne Port et la rhyolite d’Anne Port (Formation de Rhyolite Bouley) avec des bandes d’écoulement, de la rhyolite sphérulitique et des joints en colonnes. Les joints en colonnes de La Crête Point sont similaires à la Chaussée des Géants en Irlande du Nord mais n’ont pas de cratère ! « .
Avec de multiples archipels (Chausey, Minquiers, Écréhous), le golfe normand-breton constitue un espace maritime ouvert à une navigation difficile et passionnante. Le skipper néo-zélandais Dennis Conner déclarait d’ailleurs à l’été 1996 lors d’une escale du Tour de l’Europe à Guernesey qu’il connaissait peu d’endroits au monde où la force des courants de marée et l’omniprésence de récifs rendait la navigation aussi exigeante que dans ce secteur. Les îles – qui plus est étrangères voire « étranges », comme Sercq et ses survivances féodales – en tant que voyage d’exploration s’avèrent un atout de choix qui a fortement contribué, pour les ports riverains et en tout premier lieu Saint-Malo et Granville, au dynamisme du voyage, des découvertes et de l’entrepreneuriat.
Par Kevin LOGNONÉ