Sénégal: Babacar Mbaye Diop fait l’autopsie de l’art africain.

 

« Critique de la notion d’art africain » Diop mène dans ce livre un excellent travail de déconstruction et de réappropriation de la notion d’art africain. L’art africain a manqué de critiques et de commentateurs africains et s’est vu dépossédé. dès le départ pourrait-on dire, de sa théorisation au profit de regards étrangers. Le grand mérite de l’auteur est d, c avoir abordé un sujet complexe et encore mal étudié, où beaucoup restent prisonniers des catégories coloniales au moment même où la réflexion est aussi mise sous pression par les catégories de l’art contemporain.Monsieur Diop est appelé a devenir un spécialiste de premier plan de l’art africain dans ce qu’il a de contemporain comme dans ce au il a de classique.
Babacar MBaye Diop, est un docteur en philosophie de l’Université de Rouen, est maître de conférences en philosophie à l’Université Cheikh Ante Diop de Dakar. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur les arts africains. Ancien secrétaire général de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art), il est membre de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) et commissaire Indépendant.
Monsieur Diop accordé une interview en exclusivité sur son œuvre  » la critique de la notion d’art africain.
Journal l’oeil du Sahara: Monsieur vous pouvez se présentez?
Babacar Mbaye Diop: Je m’appelle babacar mbaye Diop, je suis docteur en philosophie de l’Université de Rouen en France. Après plusieurs années d’enseignement au lycée en France, je suis rentré au Sénégal en octobre 2009 pour enseigner l’esthétique et la philosophie de l’art à l’Université Cheikh Ànta Diop de Dakar. Dans les recherches, je m’intéresse à l’art et à l’esthétique, à la négritude, aux notions de diaspora, d’identité, de branchements où de brassage des cultures, à la musique, etc.
JOS: Vous venez de publier un livre intitulé « critique de la notion d’art africain » Parlez nous de cet œuvre.
BMD: Oui, l’ouvrage est publié aux éditions Hermann de Paris, une maison de référence dans le domaine de l’édition. C’est un travail de déconstruction et de réappropriation de la notion d’art africain. Pendant longtemps, les définitions de l’art africain nous venaient de l’Occident. Il est temps, à mon avis, que les Africains définissent leur propre art dans ce qu’il a de classique comme dans ce qu’il a de contemporain. Le livre est divisé en trois parties. La première partie est consacrée à une approche historique de l’art nègre ou de l’art africain traditionnel, la deuxième aux différentes théories esthétiques negro-africaines (l’ethno-esthétique, le formalisme esthétique, la méta-esthétique avec Senghor et Mveng, la traversée avec Bidima) et la troisième et dernière partie à l’art africain contemporain et sa place dans la modernité universelle.
JOS: À quel public où cible s’adresse cet œuvre?
BMD: L’oeuvre s’adresse à tous les amoureux et passionnés d’art africain, aux experts et professionnels, aux universitaires et étudiants.
JOS: En écrivant cet œuvre quelles sont vos motivations et sources d’inspirations?

BMD: Mes sources d’inspiration ? Elles sont nombreuses. Toutes les théories sur l’art nègre (même si je ne les partage pas toutes), la théorie etno-esthétique élaborée par Jacqueline Delange dans son ouvrage « Arts et peuples de l’Afrique noire. Introduction à une analyse plastique », l’esthétique de la négritude, l’esthétique de la plasticité de Iba Ndiaye Djadji, l’esthétique religieuse de Mveng, l’esthétique de la traversée de Bidima, mon expérience à la tête de la biennale de l’art africain contemporain la plus grande rencontre artistique sur le continent, mais aussi toutes les théories sur les rapports entre l’art africain et le colonialisme ou le post colonialisme.
JOS: Quel regard portez vous sur l’art en général et principalement l’art africain?
BMD: On réduit souvent l’art africain aux productions précoloniales ou coloniales liées aux masques et statues. Mais l’art africain renvoie aussi à toutes les formes artistiques du présent et du passé récent. Et dans le livre, je soutiens l’idée selon laquelle ces différentes formes d’art sont liées, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de rupture totale dans les différentes période de l’art africain. C’est le même esprit qui a parcouru une succession de degrés et de configurations artistiques.
Sur un autre point, je situe le travail de l’artiste africain dans le local et le global, en ce sens que les créations des artistes offrent de nombreuses possibilités pour interroger le modernisme africain dans le contexte du modernisme universel. L’art africain s’est inscrit dans un récit postmoderne depuis l’avènement du village planétaire. Aujourd’hui cet art est en pleine effervescence en Afrique et dans le monde et est exposé dans les grands musées ou les plus grandes biennales. Les artistes sont de plus en plus invités dans les grands évènements internationaux. Malheureusement, ils créent plus pour le goût des galeristes et collectionneurs occidentaux que pour le goût des Africains.
JOS: Où peut on en procurez le livre et à quel prix?
BMD: On peut avoir le livre directement auprès des éditions Hermann de Paris ou le commander auprès des librairies.
JOS: Avez vous un message à l’endroit des jeunes Africains?
BMD: De croire en eux-mêmes
JOS: votre mot de fin
BMD: Je vous remercie.

Propos recueillis par Kenzo Brown Doumaousse

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