Tchad: Départ français en bonne entente
N’Djamena marque le coup d’envoi du retrait français du Tchad
Le Maréchal du Tchad Mahamat Idriss Déby annonçait le 1er décembre la volonté de son pays de rompre les accords de défense signés avec la France, dans une logique de réaffirmation de la souveraineté de son pays à la veille des élections législatives tchadiennes.
Présente depuis plusieurs années à la demande des autorités tchadiennes, la France dispose de trois bases dans le pays : une à Faya-Largeau, une autre dans la ville d’Abéché et la dernière au sein de la capitale, N’Djamena.
La France, dans une logique de reconfiguration de sa politique africaine et de souhait de respecter la souveraineté et de préserver les relations avec ses partenaires, a entamé le retrait de ses forces très rapidement qui s’est traduit, dès le 10 et le 11 décembre par le départ des avions de combat français du pays. Ailleurs, le ballet des troupes françaises était visible par la population tchadienne dans plusieurs villes du pays ces derniers jours.
Il y a déjà quelques semaines, un important convoi logistique, notamment un convoi aérien à l’aide d’un A400 M, a été aperçus par les habitants de la capitale quittant N’Djamena, marquant le début du rapatriement du matériel français vers d’autres bases dans le pays.
Une étape importante s’est produite le 10 novembre dernier, avec le décollage de trois avions de chasse Mirage 2000-D depuis N’Djamena en direction de la France, reflétant l’engagement de la France à honorer le choix de son partenaire. Des personnalités ont assisté à ce moment fort de symbolisme, telles que l’Ambassadeur de France au Tchad mais surtout le Chef d’Etat-Major de l’Air tchadien, le Général Amine Ahmed Idriss, qui a honoré cette étape du retrait français par sa présence.
C’est aussi à N’Djamena qu’un nouveau tournant du désengagement s’est opéré le 20 décembre, avec le décollage d’un avion de transport A330 MRTT. L’embarquement des forces françaises dans cet avion s’est fait en présence du Chef d’Etat-Major de l’Armée tchadienne, le Général Abakar Abdelkarim Daoud.
Cet évènement a notamment été couvert par plusieurs journalistes locaux tchadiens.
Selon des sources concordantes, c’est un total de plus d’une centaine de militaires français ainsi qu’une trentaine de tonnes de munitions françaises qui ont quitté le pays pour rejoindre la France.
De nombreux habitants de la capitale ont pu assister au décollage de l’appareil à l’aéroport.
Les autorités militaires tchadiennes ont pu contrôler et veiller au bon déroulement du départ en coopération étroite avec leurs homologues français
A Faya, les choses s’accélèrent
Plusieurs témoignages locaux évoquent une hausse significative des allées et venues de véhicules et de personnel sur le camp militaire français à Faya, confirmant que les militaires commencent à organiser leur départ et que Faya constitue la première étape du retrait français du pays.
Ces informations ont émergé quelques jours après que des mouvements logistiques importants ont été observés à N’Djamena en direction du Nord du pays, probablement vers Faya, indiquant la cession imminente de la base.
Une mutation de la politique française en Afrique ?
A l’inverse des évènements survenus au Niger durant l’été 2023, Paris semble vouloir tourner une page de son passé avec l’Afrique et entamer une nouvelle politique africaine respectueuse et efficace en collaboration étroite avec ses partenaires.
Ce départ en bon ordre, rapide et efficace contraste avec les accusations portées par certaines voix au sein de l’AES qui, depuis leur création, n’ont cessé d’accuser le pouvoir Tchadien d’être dépendant de la France.
Quelques jours après sa montée au grade de Maréchal, le président Déby démontre que des relations saines peuvent être entretenues avec la France, qui a son tour prouve que les retraits des forces militaires peuvent se faire en bon ordre et sans difficultés, en respect de la souveraineté des pays.
Par NLR